Andor Németh

Murmuré dans la rue

Nous sommes amis des pommes d'automne ridées et des prunes desséchés,
Aide-vendeurs, petits employés, filles des magasins.
Comment octobre nous est tombé dessus, nous ne nous en sommes même pas aperçus,
Au fond des corbeilles, à peine quelques fruits pourris, les sacs sont vides,
Nos doigts engourdis par le froid dessinent des lettres sur les fenêtres embuées des trams,
Nous ne combattons pas, notre cśur éprouve une tendre affection pour un monsieur ou pour une dame,
Le vent emporte le bruit de nos baisers, la pluie envahit nos sourires.
Assis sur les bancs dans le brouillard humide, nous gardons l'amour,
Le grand amour et le petit dévouement, la simple union de nos corps et nous mourons de pleurésie.
Aucune image, aucun son, aucune couleur n'émane de nos cśurs, seulement du sentiment:
“Quelle chaîne en or t'acheter, mon amour, le jour où je serai propriétaire d'une grande surface?
Pour commémorer ce jour-là, je fonderai, par gratitude, le parti bourgeois des petits employés.
Il ne manque plus qu'un prêtre, sous la main, pour que les choses ne traînent pas, et une petite église à Döbling,
Pour nous jurer fidélité éternelle, j'ai déjà les alliances,
Tout serait parfait, si seulement cette tristesse voulait bien m'abandonner,
Nous pourrions si bien nous cacher, tapis dans un coin…”

(György Kassai)

 
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2005.04.24. óta: 1