Attila József

POUR MON ANNIVERSAIRE


Aujourd’hui j’ai trente-deux ans.
Je me fais un cadeau plaisant.
Je m’autorise
Une surprise.

C’est au café sur une table
Que sera fait ce don notable,
Petit poème
Fait pour moi-même.

Trente-deux ans derrière moi
Mais pas deux cents pengoes par mois.
C’est mon état
Dans cet Etat.

C’eût été bien: prof de philo
au lieu d’user tant de stylos.
Pas de fromage,
C’est bien dommage.

A Szeged, de la Faculté
Drôlement je fus éjecté
Par des messieurs
Très sérieux.

C’était mon poème Cœur Pur
Qui me valait ce coup si dur.
Levant l’épée
De l’épopée,
Invoquant Dieu et la Patrie,
Devant moi c’était des furies.
J’entends toujours
Leurs beaux discours:

“Moi vivant, vous ne pourrez pas
Etre professeur ici-bas”,
Qu’ils ont henni,
Ces culs bénis!

Tu jubilais, Antal Horger,
Que le poète eût son congé.
Chacun sa joie,
Chacun sa voie.

Diplôme ou pas de licencié,
J’enseignerai au peuple entier.
Tous les degrés
Sans votre gré!

(Guillevic)

 

 
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2005.04.24. óta: 1