Attila József

GLÈBE À GLÈBE

Viens-t’en, petite sœur, le soleil notre père
S’en retourne à pas lents vers son lointain village.

On voit luire là-haut les carreaux de la lune.
Comme un vitrail d’église en plein ciel embué.

La preste hirondelle se balance en son nid.
La griserie de tes paroles m’envahit.

Pareilles à nos doigts toutes les feuilles tremblent
Et la glèbe s’unit plus fort avec la glèbe.

Nous sommes nous aussi semblables à deux glèbes.
Et nous savons que le blé tendre et frais nous aime.

Viens, ma chérie, que ton corps roule dans mon âme,
Le sol, dans notre chair, enfouit ses sillons.

Et la noire brebis du soir se met en route.
Tombée, sa laine douce est déjà bien plus sombre.

Ta chevelure blonde a l’air d’un champ de blé
Que les rayons, venus de la lune, ont criblé.

(Charles Dobzynski)

 
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2005.04.24. óta: 1