Gyula Illyés

LES DÉ´VOREURS DE CADAVRES

Pour qui donc est mort Szabadi?
Pour ce petit chauve empressé?
Ou Kiss? ou Tóth? ou tous ceux qui
n'avaient, vivants, que végété?
Plaque de marbre aux héros consacrée,
ton éclat est déjà si familier!
comme le ramassis de ces clients
grouillant sous les arbres du Cheval Blanc.
Serait-ce pour ce plat que Fekete
et Beke sont tombés la veille,
ou pour ce bock que tes deux mains gelaient,
Kovács – ou Fábián, tes oreilles?
On voit la lune étinceler
sur le cadavre d'un poulet;
près du Don, quel Nagy creva
pour cette belle et son repas?
Car, si l'on y songe, ces doigts
délicats sont en train de trancher justement
le genou de Takács et le bras de Kántás
et le pied de Pordán sur un beau plat d'argent.
Je n'ai pas faim. Un long moment
je reste à tourner là, dehors.
Pour quel buveur de vin sanglant
serai-je rôti par la mort?

(György Timár)

 
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2005.04.24. óta: 1