Attila József

ON DÉCHARGE DU BOIS

Le pont de fer, du train, gémit encor.
Midi. Se plaint le vent du tendre automne.
Roulant des longs wagons et jetés hors,
Les secs et lourds rondins en tombant tonnent.

L’un d’eux fuit. Pour qui? Le tas n’a rien vu.
Mais j’ai peur. Pour qui? Quoi donc me tourmente?
Saisir les rondins et fuir éperdu?
L’enfant que je fus revit, et me tente.

L’enfant que j’étais, l’enfant vit encore.
L’homme, réveillé, de chagrin se grise,
Pourtant il fredonne, et l’angoisse endort,
Il tient son chapeau hanté par la brise.

Vous ai-je donc craints, puissants débardeurs,
Envoûté de vous, qui veut et qui n’ose?…
Aujourd’hui c’est moi, prophète et voleur,
Qui vous porte en moi, vous et votre cause.

(Marcel Lallemand)

 
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2005.04.24. óta: 1