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Cher lecteurs,
Voilà bientôt quatre ans que j’écris l’éditorial de notre lettre de nouvelles - anciennement reuve trimestrielle. A l’occasion de cette nouvelle édition de notre lettre, il me faut prendre congé de vous, chers lecteurs car je vais cesser mes activités à la tête du secrétariat international de Church & Peace au début de septembre. J’ai en effet été engagé comme pasteur pour les questions d’œcuménisme et la formation des adultes dans le district protestant de Koblenz à compter du 1er septembre.

Les dernières années passées à Church & Peace ont été pour moi des années très intensives, et j’ai essayé de vous y faire prendre part. Des événements importants furent la participation à la secondre Rassemblement Oecuménique Européenne à Graz en Autriche en 1997 et le symposium à l’occasion du cinquantième anniversaire de Church & Peace. Parallèlement nous étions confrontés avec la guerre en ancienne Yougoslavie et dans le Caucase. Nous avons aussi évoqué dans ces pages le Programme du Conseil Oecuménique des Eglises “vaincre la violence” : vaincre la violence qui se proplongera avec la Décennie “vaincre la violence” (2001-2010). De temps à autre nous avons aussi évoqué la situation en Afrique centrale et du Sud et en Irlande du Nord.

Je suis très reconnaissant pour le temps que j'ai passé avec Church & Peace. J'ai pu apprendre beaucoup, en particulier concernant le témoignage des Eglises traditionnellement pacifistes, les communautés qui leur sont apparentées et les organisations de service pour la paix qui sont en contact par le réseau de Church & Peace. L'objectif du témoignage non-violent pour la paix et le souci sous-jacent d'un mode de vie ecclesial modifié en conséquence, demeureront pour moi un élément important de mon travail, et j'espère pouvoir persuader d'autres groupes et communautés de nous rejoindre sur ce chemin.

J'ai été continuellement impressionné par le nombre des initiatives, les formes de communauté courageuses et porteuses d'espoir que l'on trouve dans le réseau de Church & Peace, ainsi que par le fait qu'un grand nombre de gens travaillent pour la paix, la réconciliation et la résolution non-violente des conflits -travaillant parfois presque jusqu'à l'épuisement. J'ai été aussi impressionné par la richesse spirituelle et oecuménique offerte par Church & Peace.

La question de ma succession fait actuellement l’objet d’entretiens au sein du Conseil d’Administration. Church & Peace continue à souffrir du fait du manque chronique de moyens financiers qui a déjà mené à des réductions au niveau du personnel. Celles-ci rendent notre travail difficile. Les discussion concernant la succession à mon poste doivent tenir compte de ces données. Par conséquent, nous continuons à avoir besoin de votre soutien financier. J’aimerais vous remercier pour votre soutien, vos encouragements et vos critiques constructives au cours des quatre années passées.

J’espère rester en contact avec le réseau de Church & Peace et vous souhaite, ainsi qu’à Church & Peace le Shalom de Dieu dans l’avenir.

J’aimerais conclure par l’expérience relatée par l’évêque Jacques Gaillot lorsqu’il était soldat pendant la guerre d’Algérie, et qui n’a en rien perdu de son actualité:

“Cette rencontre quotidienne avec la violence me troublait. Elle remplissait les hommes de peur et creusait de plus en plus l’abîme entre les groupes français et algériens. Je compris que la violence ne peut résoudre les conflits et que le bruit des armes n’apporte pas la paix espérée. Je me mis en quête d’alternatives. Avant même que j’aie entendu ce mot, la non-violence s’imposa de plus en plus à moi comme une nécessité. Revenu en France, je découvris avec un intérêt brûlant les écrits d’un Gandhi et d’un Martin Luther King. Je regrette de n’avoir pas appris plus tôt à connaître la puissance de la non-violence, qui est pour moi un signe de notre temps.

Bien cordialement




Christian Hohmann

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Le réseau de Church & Peace : la force dans la pauvreté
Lydia Penner
Etant un petit réseau de chrétiens européens, Church & Peace lutte quotidiennement pour joindre les deux bouts et pour trouver le temps nécessaire pour accomplir la tâche qui lui est confiée. Mais la dernière Assemblée Générale, qui se tenait à Ingolstadt, en Bavière, du 7 au 9 avril, a montré que les membres n’y voient pas là une raison de désespérer. Ils ont un engagement, une conviction qu’ils veulent partager. Cette Assemblée Générale était l’occasion de réfléchir à ce que les membres du réseau veulent faire ensemble, à ce qu’ils attendent les uns des autres, et comment y arriver avec les ressources disponibles...

Un vaste éventail d’engagements
Les rapports des régions donnaient une idée du vaste éventail d’engagement du réseau. Des conversations avec les participants le confirmaient : une communauté conduit des actions publiques contre les essais nucléaires; une autre contribue à la paix au niveau de l’environnement en travaillant dans une ferme qui produit des aliments biologiques; un groupe mène des campagnes contre les mines antipersonnelles et les armes à feu; un autre organise des formations à la médiation; certaines communautés considèrent que leur vie communautaire en elle-même est un témoignage pour la paix; en France, d’autres églises que les mennonites ont adopté l’idée des mennonites d’un “dimanche pour la paix”; des déserteurs serbes reçoivent de l’aide en Europe de l’Est; des dialogues sont développés avec les soldats de la KFOR; la fondation BOCS traduit des textes sur les bases chrétiennes pour la paix en hongrois, en serbe, et en russe et les propage sur Internet; le “Mennonite Central Committee” (MCC) travaille dans les Balkans avec des organisations comme “Bread of Life”...

Le réseau
Une communication efficace, l’établissement et le renforcement des contacts constituent l’objectif prioritaire de chacune des régions. Gyula Simonyi est un fervent partisan de l’utilisation d’Internet pour communiquer le message de la non-violence. La région Grande-Bretagne et Irlande utilise le courrier électronique pour maintenir les contacts avec les organisations qui travaillent pour la paix dans leur région et envoie des rapports sur les événements en cours aux médias. “Nous pensons être bien organisés” dit Gerald Drewett, un quaker de Hertford. Sylvie Gudin Poupaert, coordinatrice de la région francophone à Strasbourg, consacre beaucoup de temps au développement des contacts; le succès de ce travail peut se mesurer à l’expansion de la région francophone.

L’absence de membres hollandais à la rencontre était décevante. Marie-Noëlle von der Recke, présidente de Church & Peace, déclara que la décision de tenir la Conférence Internationale de 2001 aux Pays-Bas, avait pour but d’attirer les chrétiens pacifistes hollandais dans le réseau international de paix.

Identité
Est-ce que Church & Peace est réellement indispensable au travail local pour la paix ? Cette question d’identité est revenue mainte fois pendant la rencontre, d’abord pendant la discussion concernant le rapport du Conseil d’Administration, puis en lien avec les finances et surtout quand le bureau international de Laufdorf (Allemagne) a présenté son rapport. Les deux membres du personnel sur place, Christian Hohmann (secrétaire exécutif) et Terri Miller, n’arrivent pas à accomplir tout le travail nécessaire de façon satisfaisante.

Le travail de Church & Peace est soutenu par les dons des membres et des amis dans le réseau, et par quelques subventions régulières. Malheureusement, une des difficultés rencontrées est que certains membres ne paient pas leur contribution... L’affirmation de quelqu’un que Church & Peace n’aurait pu continuer à exister sans le don (héritage) qui lui a été fait en 1998, a rencontré une opposition marquée de la part de Wilfried Warneck, un des fondateurs du réseau “Une cause juste continuerait sans argent”, a t-il déclaré.

Un lieu pour les pacifistes chrétiens
Bruno Bauchet, de la communauté française du Pain de Vie, a encouragé les participants à ne pas se faire trop de souci pour l’avenir de Church & Peace. “Je sais pourquoi je suis ici’ a t-il dit. “C’est le seul endroit qui rassemble des chrétiens dont le pacifisme repose sur une base théologique. Je ne connais aucune autre organisation comme celle-ci... où nous avons tellement de plaisir à être ensemble. Les lieux qui durent sont des lieux pauvres... Nous n’avons pas besoin de nous raccrocher à des organisations puissantes... Nous sommes dépendants les uns des autres, et de Dieu. Peut-être que la pauvreté est une grâce. Elle nous donne la chance de voir si nous pouvons nous passer d’elles.

Pour moi, sa plaidoirie reflétait tout-à-fait l’esprit de la rencontre. Les participants étaient heureux d’être ensemble. Une grande ouverture caractérisait les discussions. Les participants témoignèrent de leur attachement à Dieu par des temps de chant et de prière. L’hospitalité offerte par la communauté mennonite pendant toute la rencontre était très généreuse.
version française de sgp

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L’Assemblée Générale de Church & Peace accueille de nouveaux membres
Terri Miller
La ratification de quatre demandes d’adhésion et l’élection d’un nouveau Conseil d’Administration constituèrent deux des points importants dans l’ordre du jour de l’Assemblée Générale de Church & Peace, qui a eu lieu le 7 et 8 avril à l’Assemblée mennonite d’Ingolstadt en Allemagne.

L’Assemblée Générale a approuvé les demandes d’adhésion de l’Hofgemeinschaft Bittelbron, de l’Association “Le Soc”, du pasteur Senyeeba Yawo Kakpo et du pasteur Janna Postma.
• L’Hofgemeinschaft Bittelbronn, une communauté de vie issue de l'Eglise luthérienne du Wurtemberg, existe depuis deux ans et gère une ferme biologique. Leur témoignage pacifique est vécu dans les relations interpersonnelles et l’engagement pour le processus Justice, Paix et Sauvegarde de la création (JPIC). Les membres de la communauté, Heidi et Martin Haussecker et Susanne et Thomas Müller-Stöcker souhaitent désormais poursuivre leur engagement dans le réseau de C&P en tant que communauté (et non plus comme membres individuels). Ils considèrent que leur engagement premier par rapport à C&P est de faire connaître le réseau aux membres de leur église locale. La communauté est prête à accueillir des visiteurs.
• M. Senyeeba Yawo Kakpo est pasteur presbytérien, originaire du Togo, actuellement en France pour des études de droit. Il est membre de la branche française du Mouvement International de la Réconciliation (MIR) et est très actif au sein du groupe MIR local à Lyon où il habite. Dans sa paroisse au Togo, le pasteur Kakpo a déjà eu l'occasion de travailler dans le domaine de la résolution des conflits et de la paix. Il apprécie beaucoup C&P à cause de son réseau étendu de contacts œcuméniques européens et pour les réflexions théologiques offertes, précisément sur la question de la théologie de la paix.
• L’Association "Le Soc" est une association œcuménique fondée en 1990, qui s’inscrit dans le processus Justice, Paix et Sauvegarde de la création. L’association a une vocation de dialogue interreligieux. Son point de référence est la non-violence évangélique, en particulier le témoignage de Jean Goss. L’association mène un travail au sein de l’Eglise par des sessions et des rencontres autour de la réflexion, de la formation et de l’engagement dans la non-violence active. Elle accueille pour un temps relais des personnes en difficulté et en recherche. Sa maison Jean Goss peut recevoir des petits groupes. Betty et Claude Braun, directeurs de l'association, sont membres individuels du MIR France.
• Mme Janna Postma est pasteur d'une Eglise mennonite aux Pays-Bas. Elle est très engagée dans les questions de justice et de paix et elle est active dans le Groupe Mennonite pour la Paix des Pays-Bas (DVG). A Graz, lors du rassemblement oecuménique européen, elle était intervenue dans la "Maison de la paix", co-organisée par C&P, pour parler de son enfance dans une famille dont certains membres étaient actifs dans le parti nazi.

L’Assemblée Générale a aussi approuvé les candidats proposés par le Comité de nominations pour le Conseil d’administration:
Marie-Noëlle von der Recke, mennonite, membre du Laurentiuskonvent à Laufdorf et présidente de C&P, Gerald Drewett, quaker de Hertford en Angleterre et personne de contact pour C&P en Grande-Bretagne et Irlande, et Gyula Simonyi, catholique hongrois, membre du Movement Bokor et coordinateur de la région de l’Europe de l’Est de C&P furent élus pour un nouveau mandat de trois ans.
Les nouveaux membres sont :
• Sœur Irmtraud, membre de la Communauté de Grandchamp et engagée dans le réseau de C&P depuis sa formation;
• Bruno Bauchet, catholique français et membre de la Communauté du Pain de Vie;
• Cor Keijzer, pasteur dans l’Eglise réformée aux Pays-Bas;
• Tony Kempster, secrétaire général de Anglican Pacifist Fellowship (Communion pacifiste anglicane);
• Gudrun Tappe-Freitag, baptiste allemande, formée auprès de l’Oekumenischer Dienst (les Services œcuméniques du processus conciliaire) à la diaconie de la paix, et membre de Initiative Schalom;
• Klaus Tschentscher, membre du Laurentiuskonvent à Wethen en Allemagne.
L’Assemblée Générale a élu Marie-Noëlle von der Recke présidente, Gerald Drewett vice-président et Klaus Tschentscher trésorier.

L’Assemblée Générale a aussi approuvé le rapport financier pour 1999 et le budget pour 2000. Elle a ratifié plusieurs changements dans les statuts, un document sur les critères d’adhésion et un formulaire officiel pour les demandes d’adhésion. Elle a décidé de continuer le travail de “Arbeitsgemeinschaft für Kirchliches Friedenszeugnis” (Groupe de travail pour le témoignage de la paix de l’Eglise) en tant que commission de travail théologique de C&P. Les participants de l’Assemblée Générale ont aussi commencé à préparer la conférence internationale de C&P qui aura lieu du 27 au 29 avril 2001 à Elspeet aux Pays-Bas. La conférence serait centrée sur un échange d'expériences avec des gens vivant dans les Balkans, en contact avec C&P. Un séminaire pour les invités des Balkans et l'Assemblée Générale 2001 précéderont la conférence.
Trad : TRM, RWS, LN

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Méditation par Herbert Froehlich d'après Hébreux 5, 7-9, dans le cadre du culte de clôture de l'Assemblée générale de Church & Peace avec l'assemblée mennonite à Ingolstadt - le 9.4.2000. Le texte choisi est commun au plan de lecture des églises protestantes et catholiques pour ce dimanche "Judica".

L'Assemblée générale de Church & Peace est invitée à Ingolstadt où l'on trouve l'église "Maria de Victoria", chef d'oeuvre de l'architecture et de la peinture baroque. Mais Maria de Victoria est une contribution de l'art à une victoire militaire, la bataille navale de Lépante qui a permis de repousser l'invasion du continent chrétien par une puissance musulmane.

Ici se trouve aussi une colonie "du Seigneur" qui rappelle le souvenir d'hommes, toujours à nouveau obligés de se remettre en route, de quitter leurs maisons, et de s'établir ailleurs, le plus souvent en des lieux inhospitaliers, comme ici près d'Ingolstadt, dans des prés autrefois marécageux, à cause de leur compréhension de la foi chrétienne - ils étaient décidés, pour eux, à ne pas utiliser l'épée pour témoigner de leur foi. On les appelait " habitants des prés".

Ingolstadt aujourd'hui: une ville de voitures. Pour moi, la ville de quelques camions qui ont chargé des denrées rassemblées ici, pour les transporter vers l' Europe du sud-est, dans une région en crise, la Croatie et la Bosnie.

Le chemin vers le lieu des secours est devenu pour eux le chemin passant à travers les traces du mal.
La guerre des années 90 est visible tout au long de leur route; d'innombrables ruines, des églises endommagées, des cimetières, des hôpitaux témoignent que la guerre n'est pas seulement victoire, mais bien destruction, anéantissement de l'autre, pour le présent, dans le passé et aussi dans l'avenir.
La guerre actuelle renvoie à une autre guerre des années 40, dont les traces retournent en Allemagne d'où ils viennent.

Ceux qui apportent les secours dans leur camion se rendent compte qu'il existe parmi les hommes un apprentissage du mal . La disposition à détruire et la technique pour le faire s'étendent de plus en plus. De nouveaux tyrans sont attirés par la fascination du mal. Un apprentissage terrible dont on n'entrevoit pas la fin.

Il existe un autre chemin d'apprentissage. On le parcourt face au mal. L'épître aux Hébreux en parle.
Au centre un homme, évoqué non par son nom, Jésus, mais uniquement par son titre, Christ, l'oint.

"Durant sa vie terrestre, Jésus adressa des prières et des supplications, accompagnées de grands cris et de larmes, à Dieu qui pouvait le sauver de la mort. Et Dieu l'écouta à cause de sa soumission. Bien qu'il fût le Fils de Dieu, il a appris l'obéissance par tout ce qu'il a souffert. Après avoir été rendu parfait, il est devenu la source d'un salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent. (F.C.)"

Pendant sa vie terrestre, le Christ parcourt son pays, priant, pleurant, criant.
Il souffre en son temps, et il souffre à cause de son temps. Il voit les ruines des maisons, il voit les ruines des âmes. Il vient de Dieu.

Il est soumis, craignant Dieu, et il apprend l'obéissance dans la souffrance.
J'ai devant moi une image qui montre ce que veut dire: soumis, il va.
Au centre se tient l' homme qui vient de Dieu. Il entend: je suis là, je suis celui qui est là pour toi.
Il sent les mains de Dieu derrière lui, soutenant son dos, posées sur ses épaules.
Il ne se laisse tenir que par Dieu.
Ainsi il est libre. Sa soumission tourne son regard en avant: il voit.
Qui vient à sa rencontre ? des étrangers, d'autres, des visages, des créatures de Dieu dans leur diversité.Comme nous l'enseignent les Quaker, ils portent tous en eux l'étincelle divine.
Son regard reste clair, il cherche, il reconnaît.
Par son regard, il élève le petit: Toi aussi, tu es créature de Dieu, tu es appelé par ton nom.
Par son regard, il confronte l'indifférent: tu es appelé à exister, réveille-toi, sois présent, conscient de ton origine et de ton avenir.
Par son regard, il irrite le puissant. Tu es un homme, tu n'es pas Dieu.
Sa souffrance c'est l'impuissance, la gloire de Dieu cachée dans sa création, c'est le blocus des puissants contre la bénédiction de Dieu.
Sa direction constante: la soumission.
Il se laisse toucher, il touche et il guérit.
Ceux qui refusent de se laisser toucher le repoussent.
Il reste sur la même voie: il apprend et il enseigne - soumission parmi les hommes.
Porté et fortifié uniquement par la crainte de Dieu.
Il marche et tombe.
Il tombe sous les coups de ceux qu'il a mis en colère. Il retombe entre les mains de son Dieu.
Il n'y a pas d'autre chemin. Celui qui est tombé est "accompli". Il a appris l'obéissance, il a expérimenté l'accomplissement.
Le chemin de la soumission continue. Ceux qui se réfèrent à lui apprennent le secret du Christ. Ils vont là où les gens ont besoin d'aide. Ils voient des douaniers, des soldats, des réfugiés, des personnes remplies de haine, des personnes traumatisées. Dans les régions en crise, ils en reconnaissent d'autres, portés par la soumission. Des messagers de paix au milieu de la guerre qui refusent d'acceper que l'autre est un démon.
Soutenu par Dieu, respectueux, regardant qui vient. Des hommes arrivent, ils veulent vivre. Aujourd'hui, maintenant, ils ne veulent pas se voir abandonnés par Dieu. Heureux ceux qui sur leur chemin, apprennent la soumission de Dieu à l'égard des hommes.
Traduction : Louise Nussbaumer

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Retournons aux origines !
Une visite de six semaines au Sierra Leone
Gudrun Tappe-Freitag
La Sierra Leone est située sur la côte ouest de l’Afrique. Depuis 1991, elle mène une guerre sans merci pour le contrôle des mines de diamant. Cette guerre, comme toutes les guerres, a fait beaucoup de morts; mais, ce qui est encore pire, c’est que les soldats, dont 4000 enfants d’une dizaine d’années, ont pris l’habitude de consommer de la drogue et sont devenus des criminels violents. Certains ont attaqué leurs propres villages, les ont détruits et ont coupé les bras et les jambes des habitants. Pour moi, tout cela, avant de partir, ce n’était que des choses que j’avais lues dans les livres et les journaux...

Ma collègue Ute Caspers et moi, avons visité le pays à l’invitation du Conseil des Eglises de Sierra Leone. Pendant notre visite, j’ai découvert d’autres aspects de la situation. Notre première question, quand nous visitions les églises et les ONG était : “Qu’est-ce qui se fait dans les domaines de l’éducation à la paix, de la réconciliation et de la guérison des traumatismes ?” Et nous avons appris, que, non seulement le gouvernement avait mis en place un programme pour la réintégration des rebelles, mais qu’aussi, dans la population, le sentiment que les rebelles faisaient parti du peuple était profondément enraciné: ils étaient appelés “les frères séparés”. J’ai rencontré des hommes et des femmes qui avaient marché 20 miles pour participer à un atelier en vue de se préparer à une rencontre avec les frères séparés. Nous découvrirent que le peuple pensait que les causes de la guerre étaient totalement différentes de celles qu’on leur présentait officiellement. Le sentiment d’injustice est profond. Le mécontentement est dirigé contre les structures hiérarchiques et la façon dont la justice est rendue. Le chef du village ne gère pas les conflits de façon équitable pour toutes les parties. Les femmes sont traitées de façon injuste, mais doivent garder le silence et tout supporter. Une femme s’est souvenue d’une réunion publique que son grand-père avait présidé et où tout le monde avait le droit à la parole. “Retournons aux origines !” Nous entendons souvent ce souhait exprimé, même dans les églises. La tradition religieuse y est européenne, autant pour ce qui concerne les questions internes qu’externe. “Nous avons labouré et nous avons semé” avons-nous chanté pendant une célébration religieuse. Nous avons même chanté la strophe qui parlait de la neige ! Dommage. Je me réjouissais de découvrir la culture africaine...

C’était surtout cette mentalité européenne qui a rendu notre tâche si difficile. Nous, les européens devions découvrir s’il était possible d’animer des ateliers sur l’éducation à la paix en utilisant nos méthodes et notre style de travail. Nous avons réalisé que les gens étaient prêts à réfléchir à la question de la paix et de la réconciliation. Ils ont trouvé aussi que notre méthode et notre style de travail étaient positifs, mais, ce qui est plus important, ils nous ont acceptées. Ils ont attaché une grande valeur au fait que nous avions mis notre vie en danger pour eux, afin qu’ils ne restent pas seuls dans des moments difficiles.

Officiellement, la guerre est finie, mais les difficultés restent immenses dans ce pays. En dépit de la volonté de certains de travailler pour la paix et la réconciliation, la réalité rend les choses très difficiles. Ils ont besoin de notre soutien.
1Mai 2000
Traduction : SGP

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Département de Recherches Communautaires
Sylvie Gudin Poupaert
Le Département de Recherches Communautaires (DRC) s’est retrouvé début mars au coeur de la Bretagne dans un petit village près de Carhaix. Nous étions reçus cette année par le Centre missionnaire de Carhaix. L’équipe du centre anime un centre d’accueil, de formation et d’évangélisation. Elle se compose d’une communauté d’une cinquantaine de membres engagés avec des familles et des célibataires.

Cette année, une vingtaine de communautés et communions étaient représentées, rassemblées pour trois jours de réflexion et de partage.

Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération Protestante de France (auquel est rattaché le DRC), est venu animer la première matinée de rencontre. Récemment élu à ce poste de président, il lui a semblé important de rencontrer ce groupe qui a plus de 30 ans, et qui est plein de vitalité, de réflexion, de réelle communion. Il a fait part de ce qu’il considérait comme les deux défis auxquels était confrontée la FPF : arriver à ce que les protestants puissent prononcer une parole commune dans la société publique, et exercer le discernement par rapport aux diverses demandes d’adhésion à la FPF.

Le thème de la rencontre était : la Formation au service de Dieu à travers les âges...

Le pasteur Jean-Marc Thobois, de la communauté Evangélique de Vannes, a commencé le premier exposé en parlant de la formation dans la tradition hébraïque. Il a souligné que le premier lieu de formation chez les juifs est le cadre familial. Le père a la responsabilité d’édifier et de transmettre les signes et les coutumes aux enfants dès leur plus jeune âge. Ces signes : les phylactères, le s’hma,, le rituel de la Pâque...ne sont pas toujours compris par les enfants, mais provoquent leur questionnement. C’es la pédagogie du signe. C’est une civilisation orale où l’enfant apprend par coeur; il récite 7 fois par jour le même verset, le lendemain, il en ajoute un autre, comme un collier auquel on enfilerait une perle de plus chaque jour...

D’autres exposés traitant de la formation dans le Nouveau Testament (Samuel Charles du Centre missionnaire), la formation chez les moines depuis les “Pères du Désert” (père Irénée, cistercien de l’abbaye de Timadeuc ), la formation chez les diaconesses (soeur Bénédicte de Reuilly), et la formation dans la tradition réformée ((Antoine Nouis, pasteur à Paris)...

Chacun des autres exposés étant très riche, je ne peux que vous en donner un aperçu en rapportant quelques pensées retenues au fil de l’un ou de l’autre...
La formation s’adresse à la personne entière, pas à un aspect seulement. Jésus envoie ses disciples faire des stages pratiques : “donnez-leur vous-mêmes à manger”, par exemple. (Samuel Charles).
Se former, c’est plutôt se re-former : retrouver la ressemblance de l’image de Dieu, poursuivre la croissance dans le retour à la vraie ressemblance. “Nos frères et nos soeurs, dit père Irénée, sont de magnifiques moyens de nous détacher de nous pour vivre pour autre chose que nous-mêmes”.
Nous avons la tentation de réduire Dieu à notre expérience et à notre compréhension : il ne faut jamais se contenter de notre image de Dieu, mais toujours chercher à l’élargir.
(Antoine Nouis)
Toute formation, si elle est inspirée des Ecritures, tend à laisser la première place à Dieu, réorientée sans cesse vers lui seul. Il nous faut nous exercer à croire, aimer et espérer, en Dieu, en soi-même, en son prochain, nous a exhortés soeur Bénédicte...

Bien sûr, une rencontre comme celle-ci, c’est aussi et surtout des moments d’échange personnels et d’écoute de nouvelles des différentes communautés. Cette fois, Ichthus, en particulier, qui a demandé son adhésion à la Fédération Protestante de France, s’est présenté plus longuement, ainsi que les soeurs de Villeméjane, dernières nées des communautés.
Le centre de Carhaix nous avait aussi préparé une agréable surprise : une excursion jusqu’à la mer à Roscoff (mais le temps n’a pas permis de baignade !).

D’années en années, ces trois jours passés ensemble renforcent les liens. C’est aussi parfois le moment de faire le point; certaines communautés passant par des temps difficiles ont l’occasion de s’ouvrir de leurs difficultés, dans un esprit d’écoute, où chacun, de par son vécu communautaire personnel, peut comprendre, et éventuellement aider.

La prochaine rencontre aura lieu à la Porte Ouverte (Lux), du 8 au 11mars 2001.

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Entretien

Entretien avec Ivo Markovich sur le rôle du dialogue interreligieux en Bosnie.
Prêtre franciscain, Ivo Markovich dirige le Service interreligieux "Face to Face", une ONG indépendante et non partisane qui encourage le dialogue interreligieux, la coopération et la compréhension mutuelle en Bosnie Herzégovine. La chorale "Pontamina", dont plusieurs des chanteurs sont issus des principales communautés religieuses de Bosnie, a été créée par cette association. "Face to Face" est soutenue par l'archevêque de Canterbury, le Mennonite Central Committee (MCC) et les franciscains bosniaques "Bosnia Argentina". John et Karin Kaufman Wall, du MCC, travaillent avec "Face to Face". Ce qui suit est un entretien de Karin Kaufman Wall avec Ivo Markovich.

Karin Kaufman Wall : Quelle est la vision qui sous-tend ton travail ?
Ivo Markovich : La foi ! Mon travail dans le domaine du dialogue interreligieux est inspiré par mon expérience de la guerre. Pendant la guerre en Bosnie, j'ai vu combien la xénophobie, la peur et la distance peuvent être dangereuses et comment elles peuvent créer la haine et la violence entre les êtres humains.

Karin Kaufman Wall : Comment la chorale, avec ses membres musulmans, serbes orthodoxes, catholiques romains, protestants et juifs, encourage-t-elle l'interaction entre les principaux groupements religieux de Bosnie ?
Ivo Markovich : A travers la chorale nous renforçons les liens entre les personnes grâce au pouvoir de l'art, de la spiritualité, de la musique et de la collaboration. Avec cette chorale, nous voulons montrer que dans les Balkans, nous pouvons vivre ensemble. Et non seulement vivre ensemble, mais chanter les chants de nos voisins et être en relation avec eux. Ce faisant, la xénophobie disparaît, et nous travaillons à une meilleure compréhension mutuelle et à une ouverture aux autres cultures. Les religions sont souvent utilisées comme des outils de guerres. Les religions monothéistes proclament un seul et unique chemin vers Dieu, et à cause de cela, elles sont souvent la cause d'agressions et de violences.

Karin Kaufman Wall : Qu'est-ce que cela implique pour les chrétiens ?
Ivo Markovich : Le pluralisme est un terme qui a été mal compris. Cela veut dire vivre ensemble en préservant notre unicité,et pas devenir un . En communiquant avec les autres, nous enrichissons notre identité et consolidons notre stabilité. Si nous nous isolons, nous ne pouvons par enrichir notre identité, mais nous la perdons.
Si nous les chrétiens, essayons de changer l'identité des autres en désirant les convertir, nous provoquons des mécanismes de défense et de haine envers Jésus-Christ et tout ce qui s'y rapporte. Dans un contexte pluraliste, nous pouvons informer les gens du salut possible en Jésus-Christ. Par grâce nous espérons qu’ils trouveront une manière de s'approcher de Jésus-Christ. Nous pouvons préparer le chemin sur lequel Dieu s'avance, mais c'est Dieu seulement qui a le pouvoir de convertir les êtres humains.
Notre but est de chanter avec des communautés chrétiennes, musulmanes ou juives. Lors d'un culte, nous ne chantons que des cantiques chantés par la communauté où nous sommes, et qui s'intègrent dans le culte. Ceux d'entre nous qui appartiennent à la religion de cette communauté participent, les autres sont là comme des invités avec leurs amis, pour partager la partie la plus importante de leur vie.

Karin Kaufmann Wall : Quelles ont été les joies et les difficultés dans la mise en place d’une telle chorale ?
Ivo Markovich : Lorsque nous avons débuté la chorale en 1996, certains membres acceptaient difficilement de chanter les chants de leurs “ennemis”. Au fil du temps, ils ont ressenti les bienfaits de la vie commune, de la réconciliation, de la guérison et du pardon. La chorale, en tant que communauté, a les mêmes problèmes que n'importe quelle communauté, mais nos différences sont constructives.
Après la guerre, lorsque nous avons chanté à Zagreb en Croatie, nous avons chanté des chants serbes orthodoxes qui pouvaient être intégrés dans la liturgie catholique. C'étaient les chants de leurs ennemis. Au lieu de s'y opposer, les participants furent agréablement surpris par cette idée et expérimentèrent le pouvoir de la réconciliation.

Mais nous avons aussi rencontré beaucoup d'opposition. J'ai été menacé par un frère catholique parce qu'il m'avait entendu chanter un chant musulman avec la chorale à Sarajevo.Pendant que ce chant était chanté, des milliers de personnes de mon groupe ethnique (croates) avaient été tués. Pendant la guerre, des cantiques de louange à Dieu ont été transformés en hymnes guerriers pour rassembler des groupes ethniques et les monter les uns contre les autres. De nombreuses personnes ont été terrorisées, torturées et tuées au son de ces cantiques sacrés, utilisés comme chants de guerre. En les chantant avec des personnes appartenant à des groupes ethniques différents, nous redonnons à ces chants leur première vocation, celle de louer Dieu.
MCC News Service, 3 mars 2000
Traduction : Ruth Wenger Sommer
Une vidéo de 18 minutes avec Ivo Markovich “les Balkans, une région blessée à la recherche de la paix” est disponible au bureau du MCC Europe.

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Nouvelles du réseau

De la confiance à la médiation :
Programme d’éducation à la paix et à la non-violence pour la jeunesse
L’année 2000, déclarée par l’ONU “Année Internationale de la culture de la paix” sera sans doute une année marquante pour l’histoire des mouvements pacifiques laïques et religieux. Cette année sera le tremplin pour promouvoir une culture de la paix tout au long de la “Décennie de la paix”. Le MIR romand consacrera son énergie, entre autres choses, au travail parmi les enfants et les adolescents, d’une part parce que la décennie se propose de toucher la jeunesse en priorité et d’autre part parce que les besoins des écoles et des paroisses sont très importants.

Depuis février 1999, le MIR romand est engagé sur le terrain, dans la formation d’adolescents et adultes en matière de communication et gestion de conflits. Ce travail a été initié auprès de deux Cycles d’Orientations, (écoles secondaires) du Canton de Fribourg. C’est ainsi que 40 classes ont pu être sensibilisées à la communication non-violente et à la gestion de conflits. Ce programme a été introduit dans ces établissements afin de prévenir l’escalade de la violence. Les maîtres de classe ont participé activement aux séances avec leurs classes, ainsi l’enseignant et les élèves mettront en pratique ce qu’ils auront appris et vécu ensemble.

Parallèlement, l’Association des parents de la Glâne (ApGlâne), en collaboration avec le MIR romand a mis sur pied un programme de prévention à la violence qui a réuni, pour la première fois, une dizaine de parents, à raison de 6 rencontres de 3 heures, durant 4 mois (novembre 99 à février 2000).

Vers une culture de la paix et de la non-violence...
Le travail de prévention à la violence est complexe et parfois ingrat. Complexe, car chaque intervention doit être adaptée à un contexte particulier et faire l’objet d’une analyse de la demande qui tienne compte des acteurs du système et des facteurs de résistance aux changement. Parfois ingrat car l’effet de ces interventions n’est que partiellement évaluable à court ou moyen terme. Ceci alimente le scepticisme de ceux qui voudraient accepter la violence comme une fatalité et pour qui la répression est encore la meilleure méthode. Cependant, des témoignages de parents, d’adolescents et d’enseignants nous encouragent à continuer.
Bien entendu, les programmes de prévention doivent tenir compte des degrés de violences, car il n’y aura pas de paix sans justice !
Bulletin romand, mars 2000
SGP


La Communauté de Caulmont fête ses 30 ans !

1970 : L’Eglise Réformée de France approuve un projet expérimental “d’accueil et de loisirs, ouvert à tous, autour d’une petite équipe communautaire, en référence à Jésus-Christ”. La Communauté de Caulmont, vouée à l’accueil fait ses premier pas.

1974 : La Communion de Caulmont est créée. Elle rassemble les premiers “équipiers” protestants et catholiques. Ils ne vivent pas sur place mais s’engagent dans une démarche œcuménique à faire vivre Caulmont.

1976 : Une nouvelle aventure commence avec l’achat d’une propriété en Normandie. Pendant quelques années des bénévoles et des ouvriers travailler à transformer la propriété pour ses nouvelles fonctions.

Dans les années 80 l’équipe se renouvelle et se modifie. Elle compte, de 4 à 7 adultes, avec leurs 5 à 11 enfants. Catholiques et protestants, ils choissisent de vivre quelques années sur place, donnant corps à l’accueil et à la prière. Au fil du temps, l’équipe, avec célibataires, couples ou familles, jeunes ou personnes d’âge mûr, adopte des styles de vie différents. La vie commune se cherche, se construit et se défait, autour de l’accueil et de la prière.

1984 : Après dialogues avec l’Eglise catholique et l’évêque du lieu, Caulmont accueille une petite communauté des religieuses bénédictines. C’est l’époque “des sœurs bénédictines”, avec jusqu’à 22 résidents âgés de 2 à 85 ans. Pendant cette période l’accueil d’autres personnes est réduit.

Avec le décès des sœurs, et le départ de plusieurs résidents, l’équipe se restreint dans les années 90, mais la maison retrouve une capacité d’accueil importante. Sous l’impulsion des responsables, l’accueil se développe et se diversifie.

Les années 2000... à défricher ensemble! L’équipe résidente, la communion, composée d’une centaine de familles, et les responables comptent sur tous les amis pour que l’aventure rebondisse en ce troisième millénaire pour l’accueil et la joie d’un grand nombre.

Nouvelles de Caulmont, printemps 2000