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Church and Peace

Spring 1999
Vol. 16 No. 1

Church & Peace logo
Chers lecteurs ,
Hier, l’OTAN a lancé une offensive militaire contre l’armée serbe pour essayer de forcer le président Slobodan Milosevic à signer les accords de paix de Rambouillet. Et pourtant, nous savons que la paix ne peut être imposée par l’usage de la violence militaire. Ces frappes aériennes ont pour but de mettre fin aux graves violations des droits de l’homme perpétrées contre les civils du Kosovo; cependant l’OTAN n’ayant pas reçu de mandat des Nations Unies, ces bombardements constituent une violation du droit international. Nous savons que Dieu ne considère pas la guerre comme un moyen légitime de résoudre les conflits violents. Légitimer une intervention militaire parce que ”il n’y a pas d’autre alternative” indique que les actions entreprises pour arriver à une résolution non militaire de la tragédie au Kosovo, étaient trop peu nombreuses et trop tardives. Nous devons tous assumer cette responsabilité.

Cependant, il est important de reconnaître ce qui a été fait, surtout par les églises, pour éviter une escalade du conflit et pour mettre fin à la violence. Dans une déclaration commune, le 18 mars à Vienne, des représentants des communautés catholiques, musulmanes et orthodoxes du Kosovo, appelèrent au dialogue et à la négociation plutôt qu’à une solution militaire : “La guerre au Kosovo n’est pas une guerre de religion. Nous connaissons trop bien notre histoire troublée et tragique, mais il nous appartient de décider de notre avenir. Toutes les communautés ethniques et religieuses du Kosovo doivent pouvoir vivre, adorer Dieu et travailler, en sachant que leurs droits fondamentaux et leurs droits religieux ne seront pas bafoués, et que leurs lieux de culte, leur héritage culturel et linguistique sera protégé”.

Dans une déclaration du 23 mars, la Conférence des Eglises Européennes (CEC) mentionnait les efforts des responsables religieux serbes orthodoxes qui avaient “appelé les dirigeants de Serbie à choisir le chemin du dialogue, de la démocratisation et du respect des droits de l’homme pour les peuples de toutes les communautés ethniques et de toutes les appartenances religieuses.”

Nous ne devons pas non plus oublier la présence des organisations internationales humanitaires et des mouvements qui travaillent pour la paix, ainsi que les nombreux volontaires de communautés membres de Church & Peace, de Pax Christi, d’IFOR et d’autres groupes, qui ont été actifs depuis de nombreuses années dans différentes parties de l’ex-Yougoslavie, travaillant à la réconciliation et à la coexistence pacifique des différentes communautés ethniques et religieuses. Beaucoup de ces organisations ont dû évacuer leur personnel à cause des frappes de l’OTAN. Certains -par exemple “Bread of Life” à Belgrade- essaient de poursuivre leur travail humanitaire au Kosovo. Le retrait de ces ONG va encore contribuer à empirer la situation déjà désespérée des habitants du Kosovo et des innombrables réfugiés, les laissant à la merci des combattants armés.

Reste la question de savoir ce que nous pouvons faire par rapport à l’offensive militaire de l’OTAN et à la situation au Kosovo. La lettre de Nouvelles de “Bread of Life” du 10 mars décrit les actions menées par des chrétiens de Belgrade: “en réponse à la crise au Kosovo, les Eglises de Pentecôtes de la Trinité de Belgrade invitent les chrétiens à prier et à jeûner avec eux chaque mardi. Les églises protestantes organisent des vigiles de prière ininterrompues. Les chrétiens de Belgrade prient que la soif de pouvoir politique soit remplacée par une passion pour la paix, la justice et le respect de la vie humaine, cette merveilleuse création de Dieu”.

Prions pour tous ceux qui sont menacés par la situation actuelle, pour ceux qui ont le pouvoir, et pour ceux qui souffrent. Commençons aussi à mettre en place ou à renforcer, à tous les niveaux, des groupes d’intervention civils pour la paix afin que nous puissions avoir une alternative efficace à l’armée lors de crises futures.
Christian Hohmann
25 mars 1999
Trad : sgp
Les Eglises veulent vaincre la violence
8me assemblée plénière du Conseil Oecuménique des Eglises, du 3 au 14 décembre à Hararé, au Zimbabwe

Parmi les 5000 participants à la 8me assemblée générale du Conseil Oecuménique des Eglises (COE) qui s’est tenue du 3 au 14 décembre 1999 à Hararé, au Zimbabwé, se trouvait une cinquantaine de membres des Eglises historiquement pacifistes. Quelques-uns représentaient des Eglises membres du COE. Mais la plupart d’entre nous étions des observateurs et devions, dans la tente réservée aux visiteurs, suivre la retransimission télvévisée des séances publiques. Elles étaient souvent passionnantes et il y a eu quelques bons exposés, par exemple la contribution du théologien japonais Kauske Koyama. Une séance plénière ayant pour thème l’Afrique fut introduite par une pièce de théâtre pleine de de vie. L’allocution de Nelson Mandela fut particulièrement impressionnnante.

Des membres des Eglises historiquemet pacifistes se sont rencontrés
Larry Miller, secrétaire général de la Conférence Mennonite Mondiale a permis aux les membres des Eglises historiquement pacifistes de se retrouver un soir. Nous avons ainsi pu faire connaissance et réflléchir à la manière dont “nos délégués pouvaient représenter nos préoccupations lors des séances plénières et des commissions. Lors de ntore deuxième rencontre, Sara Speicher, collaboratrice au programme du COE pour vaincre la violence et membre de la Church of the Brethern, a fait un rapport sur la campagne du COE “Paix dans la ville”.

Prise de position sur les enfants soldats
Sur l’initiative de Rachel Brett, qui travaille au bureau quaker auprès des Nations Unies à Genève, les délégués des Eglises historiquement pacifistes ont déposé une requête à l’assemblée plénière pour qu’elle se déclare officiellement opposée à l’utilisation d’enfants comme soldats. Cette requête a été acceptée par l’assemblée plènière.

Décennie pour vaincre la violence
Deux délégués issus des rangs des Eglises historiqument pacifistes ont été élus au Comité Exécutif du COE : Eden Grace, déléguée de Friends United Meeting et Fernando Enns, un jeune théologien mennonite de Heidelberg. Des rangs des Eglises de paix et des Eglises allemandes émana la proposition que la première décennie du nouveau millénaire (2000-2010) soitdéclarée décennie (des Eglises) pour vaincre la violence et pour une culture de la non-violence. Cette décennie devrait naître de l’actuel programme du COE pour vaincre la violence et être fondée sur les expériences de la décennie des Eglises en soladirité avec les femmes. C’est Fernando Enns qui présenta à l’assemblée plénière une résolution dans ce sens. A une grand majorité, avec seulement trois ou quatre voix contre, cette résolution a été adoptée.C’est donc une occasion unique de faire connaître davantage dans les Eglises les méthodes de résolution non-violente des conflits. Tout un travail théologique est aussi nécessaire : en effet, la justification théologique de la violence militiare - même soumise à certaines conditions - est de plus en plus remise en question.

Padaré
Pendant 5 jours s’est tenu sur le campus universitaire le “padaré”. “Padaré” est un mot africain pour une place qui ne sert pas seulement de place du marché, mais de point de rencontre général où tout peut être discuté. Pendant le “padaré” il y a eu un choix varié de présentations dans les auditoriums, les salles de séminaires et les tentes.

Carrefours, séminaires, ateliers, expositions, stands d’information, théâtre... Dans une tente malheureusement située un peu à l’écart, Eglise et Paix, que je représentais, Eirene et les Services Oecuméniques de Shalom tenaient un stand d’information commun. A la demande du Centre de Liaison des Services Oecuméniques, j’ai organisé deux séminaires sur le thème “vaincre la violence et promouvoir la justice”. Il est venu chaque fois une vingtaine de visiteurs et visiteuses, entre lesqueles il y a eu un bon échange d’expériences et d’idées. Le premier séminaire traitait du rôle des services volonaires pour la paix dans les situations de confilts. Nous avons entendu des rapports de Doug Baker de Belfast, Mike Vorster de Durban en Afrique du Sud, “Luli” Camache, une equatorienne membre du Gorleben International Peace Team et de Julien Seesmda du Tchad. Deux femmes de Chypre ont témoigné de leur engagement pour la rencontre et le dialogue entre Chypriotes grecs et trucs.

Des Eglises médiatrices
Le thème du deuxième séminaire était “Eglises médiatrices”. Bernt Johnson, le directeur de l’institut oecuménique Life and Peace de Suède, a décrit la rôle d’artisan de paix que les Eglises devraient jouer dans les conflits. Bethuel Kiplagat, ancien diplomate de haut rang du Kenya, a raconté ses expériences de médiateur, entre autres au Mozambique.

Klaus Wilkens, président de l’AGDF (Aktionsgemeinschaft Dienst für den Frieden = collectif des organnisations au service de la paix) a fait un exosé sur le processus de paix au Guatémala et sur le rôle de médiateur des Eglises allemandes dans le contexte d’initiatives locales. Bernard Diakoula du Congo (Brazzaville) a raconté le rôle important des Eglises dans le conflit entre le gouvernement et les rebelles dans son pays. Carl Stauffer, un collaborateur du MCC (oeuvre d’entraide des Mennonites nordaméricains) qui a travaillé dans un centre oecuménique à Johannesbourg, a distingué six tâches à assigner aux Eglises :
1. Etablir des relations entre les membres des groupes séparés.
2. Créer de groupes qui veulent la paix “peace constituencies”).
3. L’advocacy (=jouer le rôle de l’avocat, c’est- a-dire s’engager pour les faibles, être la voix des sans-voix).
4. Donner une dimension spirituelle au milieu des conflits.
5. Créer les conditions du dialogue.
6. Donner des signes d’espérance; ne pas perdre de vue la possibilité de la réconciliation.

L’échange qui suivit fut très stimulant pour les membres des Eglises qui veulent jour un rôle d’artisan de paix dans les conflits. Bethuel Kiplagat a proposé d’organiser un colloque entre ces personnes et les collaborateurs du COE , pour qu’ils puissent y échanger des idées sur la facon dont le COE pourrait le mieux collaborer avec les Eglises en vue de la transformation des conflits.

Autres séminaires et carrefours
Les deux thèmes qui ont attiré un maximum de visiteurs et visiteuses du “padaré” étaient la remise des dettes des pays les plus endettés et la place des homosexuels et lesbiennes dans l’Eglise. Tout ce qui a été organisé dans le “padaré” a permis un échange animé d’expériences, d’opinions et d’idées.

Diffucultés avec les orthodoxes
On n’en est pas venu à ce que l’on craignait : le retrait des orthodoxes de l’assemblée. Le “catholicos” arménien-orthodoxe Aram I, animateur du Comité Central du COE, a énergiquement souligné que les orthodoxes veulent rester au COE, bien que certains aspects de la communauté oecuménique leur posent problème. L’ordination des femmes et l’acceptation des homosexuels et lesbiennes dans certaines Eglises sont pour les orthodoxes des pierres d’achoppement. Ils n’ont pas non plus de compréhension pour les objecteurs de conscience. Par ailleurs, les orthodoxes se plaignent que le mode de prise de décision par le vote majoritaire conduit à ce que le COE soit dominé par les Eglises libérales d’occident et que les préocupations des orthodoxes soient trop peu écoutées. Les problèmes qu’ont les orthodoxes avec le COE seront à l’avenir discutés dans une commission théologique commune au COE et aux Eglises orthodoxes.

Une unité palpable
Malgré toutes les différences théologiques et politiques, l’unité des Eglises était sensible à Harare, avant tout dans les cultes - lorsque nous avons chanté des chants dans plusieurs langues, accompagnés par un choeur entraînant, majoritairement africain. Nous avons découvert ce que nous avons en commun en nous racontant des histoires - sur l’édification du projet oecuménique à Belfast, sur les efforts pour la paix au Soudan ou sur la guerre au Sri Lanka et au Congo. C’est avant tout pendant le “padaré” qu’ont eu lieu beaucoup de rencontres et beaucoup de liens se sont tissés au delà des barrières géographiques, politiques et confessionnelles. Puisse Dieu renforcer dans les années à venir notre unité, tandis que nous répandrons la bonne nouvelle de l’Evangile et travaillerons pour la justice, la paix et la sauvegarde de la création.
Gordon Matthews
Trad: Jacqueline Lépeix


L’Assemblée des délégués approuve “la Décennie œcuménique pour vaincre la violence”

La 8° Assemblée du Conseil œcuménique des Eglises à Harare, Zimbabwe a été un temps de célébration et de défi pour le Programme pour vaincre la violence (PVV) et la Campagne en faveur de la Paix dans la ville.

Les récits des partenaires de la Campagne pour Vaincre la Violence décrivant les défis rencontrés par le mouvement œcuménique, ont constitués les temps forts de l’Assemblée. Pour symboliser la fin de la Campagne et l’espoir que les efforts pour travailler à la paix et à la justice continuent, des banderoles pour la paix venant de partout dans le monde ont été distribuées pendant la Célébration de Réengagement de l’Assemblée.

Après avoir écouté ces messages, et avoir raconté leurs propres histoires de violence et d’efforts pour travailler à la paix, les délégués ont mis l’accent sur le fait que les églises doivent continuer à vaincre la violence et à construire une culture de paix. A une grande majorité, les délégués ont approuvé une “Décennie œcuménique pour vaincre la violence” (2001-2010), qui coïncide avec la Décennie internationale des Nations Unis pour construire une culture de paix et de non-violence pour les enfants du monde. L’équipe du PVV se réjouit de profiter de cette Décennie pour poser des questions critiques au sujet du monde d’aujourd’hui. Comme l’a remarqué Doug Baker, un coordinateur local de la Campagne à Belfast, Irelande du Nord, l’appel à une Décennie pour vaincre la violence semble tout à fait pertinente “puisque construire la paix est un processus qui demandera des décennies...”.
Salpy Eskidjian, Béatrice Merahi, Sara Speicher, Sarah Woodside
PVV liste des abonnées, 21 déc 98
Trad: Louise Nussbaumer

Vers une guérison des mémoires
Dialogue catholique-mennonite

Du 14-18 octobre 1998, des représentants de la Conférence Mennonite Mondiale et du Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens se sont rencontrés à Strasbourg pour un dialogue catholique-mennonite. A l’initiative du Conseil Pontifical, cette rencontre, dont le thème était “Vers une guérison des mémoires”, a été la première à ce niveau dans l’histoire des deux églises. Parmi la délégation mennonite, Neal Blough, Andrea Lange et Larry Miller, avec des personnes du Guatemala, des Etats-Unis, du Congo et du Canada. Du côté catholique, John Mutiso-Mbinda, James Puglisi et Peter Nissen avec des personnes venues des Etats-Unis et d’Angleterre.

C’est l’ouverture exprimée à Vatican II dans les années 60 qui a donné l’impulsion au dialogue du côté catholique. Du côté mennonite, la principale motivation est une nouvelle prise de conscience du contexte missionnaire et inter-église, à quoi s’ajoute l’engagement à rechercher la paix dans toute relation. Le but de la consultation était de favoriser une meilleure compréhension des positions respectives concernant la foi chrétienne et de dépasser certaines préventions courantes entre mennonites et catholiques.

Les mennonites ont mené de semblables dialogues inter-églises avec l’Alliance Réformée Mondiale et l’Alliance Mondiale Baptiste. Les catholiques ont déjà eu des dialogues avec les Pentecôtistes, les Evangéliques, les Baptistes, les Réformés, les Anglicans et dernièrement avec les Luthériens.

Le dialogue était structuré par quatre exposés : chaque groupe s’est présenté lui même. Le profil mennonite est caractérisé par une église qui va de la migration vers la mission, de la tradition à la théologie (confession), et d’un groupe ethnique vers un groupe œcuménique. L’Eglise catholique se décrit comme “ni romaine, ni occidentale au sens étroit, mais universelle dans le sens le plus absolu du terme”. Ces exposés ont suscité des débats passionnés comparant la théologie de l’église et les pratiques actuelles de chaque groupe.

La deuxième partie des exposés portait sur les causes des conflits du XVI° siècle. Le catholique Peter Nissen a insisté sur l’importance pour les théologiens catholiques du XX° siècle d’être conscients des réactions souvent violentes des catholiques et des protestants contre l’anabaptisme. Le mennonite Neal Blough a reconnu que si la plupart des documents qu’il présentait n’étaient pas des écrits pacifiques, il ne fallait pas ignorer ou minimiser de tels souvenirs, pour qu’une guérison devienne possible.

Les présentations ont suscité une grande émotion chez les participants. C’était bouleversant d’entendre un catholique décrire l’origine de l’anabaptisme comme une histoire écrite dans le sang. Après avoir écouté le représentant mennonite Neal Blough lire quelques “méchantes” affirmations choisies par Menno Simons contre les catholiques , il était bon de faire une pause, et de rappeler aux représentants mennonites qu’il y a des préjugés bien enracinés à l’égard des catholiques. Quelques participants ont rappelé à l’assistance que la persécution religieuse continue aujourd’hui, comme le montre le martyre de prêtres catholiques en Amérique latine.

Les participants ont reconnu que cette longue histoire d’hostilité appelle à la repentance, au pardon et à la guérison, à l’approche du nouveau millénaire. Si les chrétiens du monde entier se mettent d’accord pour ne pas s’entretuer, les églises auront fait un grand progrès. Dans cette discussion, Nzash Lumeya a proposé de faire une déclaration commune pour condamner le sang versé au XX° siècle. Les participants se sont mis également d’accord sur la nécessité d’étudier ensemble l’histoire de la Réforme, puisque des points de vue divergents sur les causes et les événements du XVI° siècle produisent des différences d’opinion et des réactions d’hostilité.

En même temps, on a constaté qu’il existe des convergences significatives entre catholiques et mennonites, par exemple, que la grâce et les œuvres sont inséparables; que l’Eglise est essentielle pour la compréhension du salut; que le service chrétien est essentiel à l’Evangile; que la spiritualité et l’éthique sont indissociables. Les deux dénominations, catholique et mennonite, ont à offrir quelque chose l’une à l’autre, les catholiques, par exemple, “un ministère d’unité” pour les relations inter-églises, et les mennonites leur compréhension de l’Evangile comme Evangile de paix. Il est prévu de reprendre ces thèmes, et aussi de réfléchir sur les différences significatives sur le plan théologique, dans un dialogue futur . Parmi ces différences, ont été cité la relation entre Ecriture et tradition, le domaine de la responsabilité de l’Eglise, la compréhension du baptême et de la Cène.
Comment les églises peuvent-elles aller vers une guérison des mémoires ? Les chrétiens doivent se reconnaître les uns les autres comme frères et sœurs; confesser leur ignorance réciproque; étudier ensemble le passé et rechercher un accord sur leur perception réciproque.
Helmut Harder
Trad: Louise Nussbaumer

Nouvelles du Centre Mennonite d'Etudes et de Rencontre
(Saint Maurice, France)

Le Centre Mennonite d'Etudes et de Rencontre (CMER) est membre du réseau Eglise et Paix, pourtant, nous n'avons pas pu être très présent ces dernières années lors des rencontres communes; aussi, voici de nos nouvelles. Nos projets et nos buts sont en train d'évoluer et c'est de ces changements que nous voudrions rendre compte ici.

D'abord au niveau local et parisien, le CMER a fonctionné autour de séminaires, conférences, publications, et d'une bibliothèque/centre de documentation. Le CMER est un projet modeste avec des moyens modestes. Un petit local et deux personnes à temps partiel : Janie et Neal Blough. Avec le temps, des personnes se sont intéressées à ce travail et nous avons récemment élargi notre " équipe parisienne " à d'autres qui donnent de leur temps et énergie bénévolement. Ces personnes sont, soient enseignants (Frédéric de Coninck, sociologue, Linda Oyer, professeur de Nouveau Testament à l'Institut Biblique de Lamorlaye et Bernard Huck, professeur de théologie pratique a la faculté de théologie de Vaux sur Seine) soient intéressées par la médiation (Manuel Calvo, ingénieur a l'aérospatiale).

Cette équipe " élargie " est en train de se mettre en réseau avec deux autres centres mennonites francophones : le Centre Mennonite de Bruxelles et le Centre de Formation et de Rencontre du Bienenberg (CEFOR), à Liestal en Suisse. De ce réseau plusieurs projets sont en train de naître.

D’abord, en région parisienne un service de médiation est en train de voir le jour (avec Juan Jose Romero de Bruxelles et Manuel Calvo), fruit d’une collaboration inter-protestante (Eglises baptiste, libre et réformée). Ensuite, un travail théologie et d'histoire anabaptiste se met en place. Au mois de décembre, un premier week-end a eu lieu au CEFOR avec 45 participants. Dans la tradition mennonite, le lien entre communauté (Eglise) et éthique (paix) est fondamental, et notre réseau a envie de travailler sur ces questions en profondeur, pour justement élaborer une théologie de paix pour notre époque et notre contexte. Nous cherchons donc à réfléchir, et à publier des documents pour stimuler l'intérêt sur ces questions, pour les mennonites mais aussi pour quiconque en voit l'utilité. Au mois de mars, au CMER à Saint Maurice aura lieu un petit week-end de travail sur le thème de l'eschatologie et ses liens avec la vie communautaire et l'éthique. Nous espérons que ce travail aboutira à une publication et qu'une équipe interdisciplinaire et interconfessionnelle pourra apprendre a travailler ensemble pour "produire " une théologie renouvelée.

Notre réseau s'intéresse aussi à ce qui se passe ailleurs dans le monde francophone. Déjà à plusieurs reprises, des personnes des trois centres se sont déplacées en Afrique (Kinshasa, Bukavu, Ndjamena) pour animer des séminaires sur une théologie de la paix et la résolution des conflits. Le travail théologique que notre réseau cherche à accomplir doit tenir compte des situations réelles, et nos relations en Afrique nous aident a garder les pieds sur terre. Bientôt (8-16 février) une délégation mennonite francophone (Québec et Europe) se rendra a Kinshasa pour rencontrer les Eglises mennonites du Congo dans l'espoir de créer de meilleurs liens et d'élaborer des projets de collaboration réalistes. Les trois centres sont directement impliqués dans ce voyage.

Pour clore, je voudrais citer deux ouvrages récents qui représentent le type de travail que nous cherchons à accomplir. Frédéric de Coninck est en train d'écrire une série de quatre livres sur la justice. Les deux premiers sont déjà parus. Il s'agit de La Justice et l'Abondance, (1997) qui examine l'économie à partir d'une perspective biblique et sociologique, et La Justice et la Puissance, (1998) qui porte un même regard sur le pouvoir et la politique. Les deux ouvrages ont été édités dans la " Collection Sentier " des Editions La Clairière, Québec. Pour quiconque s'intéresse à "l’Eglise", "la Paix" et "la Société", ces ouvrages sont à lire et à méditer.
Neal Blough
“Ni ignorants complets ni sages parfaits...”
Séminaire sur la prévention et la gestion des conflits liés à la gestion durable des ressources naturelles

Introduction
Soutenu par l’orientation non-violente de notre communauté (La Communauté de Chambrelien) et par ma formation en sciences sociales, j’essaye de garder une certaine disponibilité pour animer des séminaires sur la transformation non-violente des conflits. Une de mes récentes interventions s’est déroulée dans le cadre étatique de la coopération au développement, où l’explicitation des éventuels fondements spirituels ou non-violents d’une gestion pacifique des conflits n’entrait pas en ligne de compte.

Le Centre pour le Développement et l'Environnement de l'Institut de Géographie de l'Université de Berne a récemment mis au point une méthodologie originale pour la formation autodidacte en Gestion Durable des Ressources Naturelles (GDRN) des cadres moyens et des paysans en milieu rural au Mali. Les changements climatiques, la dégradation et la raréfaction des ressources naturelles, l'augmentation de la population, les contradictions entre les intérêts à court terme et à long terme (déboisement), les décisions politiques des anciens régimes (attribution autoritaire de couloirs de transhumance, corruption, etc.) stimulent, dans ce pays, toutes sortes de conflits : différends entre villages, entre bûcherons et agriculteurs, entre cueilleurs de fruits sauvages et villageois attachés à la pérennité de la forêt, entre éleveurs et agriculteurs : en particulier entre Peuhls transhumants et paysans malinkés sédentaires.

Ce module de base de formation en GDRN qui tente de s’attaquer a la dégradation des ressources naturelles renouvelables a montré la nécessité d’un module de formation complémentaire, spécifiquement centré sur la prévention et la gestion des conflits liés à la GDRN. Consulté lors de la rédaction du manuel d'animation, j'ai ensuite été chargé de superviser l'atelier pilote de ce séminaire conduit selon les mêmes méthodes.

Les participants et les principes méthodologiques
Les acteurs du processus de formation se composent de trois groupes : les cadres maliens, les villageois bénéficiaires, et l'équipe pluridisciplinaire en Suisse. Cette dernière, liée à des partenaires en Afrique, élabore le matériel de formation à proposer et tester. Elle cherche aussi un financement et assure un suivi pour la formation continue des groupes bénéficiaires.

Dix cadres des deux sexes (agronomes, juriste, politologue, techniciens, vulgarisateurs, fonctionnaires...ainsi que deux animateurs/formateurs (homme et femme) responsables, impliqués dans la thématique et huit paysannes et paysans du lieu se sont donc retrouvés dans le village malien de Gonsolo à deux heures de piste de la capitale, durant une semaine en septembre 1998.
Premier principe : les cadres (sortant pour certains de leur bureau à air conditionné de Bamako) se déplacent vers les paysans et travaillent sur leur terrain, la formation se faisant dans une salle vétuste et sous l'arbre à palabre. Cela facilite la participation des villageois et villageoises, qui restent ainsi dans leur terroir.
Deuxième principe , affiché en priorité sur un panneau bien en évidence, rédigé en bambara (que tous savent lire, sauf moi) : “Là où on se rencontre, il n'y a ni ignorants complets ni sages parfaits”. Cette citation d'un auteur du Sud (Paulo Freire) touche profondément le coeur des villageois qui s'exclameront : “La seule différence entre les cadres et nous, c'est qu'ils comprennent le français !” Il est vrai que j'ai été vivement impressionné par la collaboration des deux groupes, dont l'un amenait ses connaissances théoriques et l'autre la substance même des réalités du terrain.
Troisième principe : la reproduction des compétences. Les cadres participants pourront, en duo avec un des animateurs du premier séminaire, co-animer ultérieurement un nouvel atelier durant lequel ils deviendront ainsi des animateurs confirmés formant finalement eux-mêmes de nouveaux co-animateurs et ainsi de suite.

Le contenu de l'atelier
L'atelier a sensibilisé les parties à l'analyse des conflits, à leur dynamique, à leur dimension affective, aux attitudes positives d'écoute, de communication constructive et de négociation, à la fonction des tierces parties, à la comparaison des méthodes traditionnelles où l'arbitrage domine, avec d'autres plus égalitaires et consensuelles, comme la médiation. Prenant le risque d'introduire dans le cadre strictement laïc de mon mandat quelques questions spirituelles, j'ai demandé aux participants, presque tous musulmans, ce que signifiaient dans leur culture les concepts de pardon et de réconciliation et comment ils étaient fondés. A leurs réponses, j'ai compris que la visite de l'Esprit avait de longue date précédé la mienne !
Jean-Denis Renaud
Communauté de Chambrelien et MIR suisse romand

“Témoigner de la paix voulue par Dieu”
Groupe de Réflexion pour la Paix

Depuis le début des années 80, le Groupe de Réflexion pour la Paix propose aux assemblées mennonites françaises de réserver un dimanche au mois de mars pour une réflexion commune sur le thème de la paix. La Caisse de Secours “partage avec celui qui n’a pas”, créée par les assemblées mennonites françaises en 1976, y a été associée dès le début. C’est ainsi qu’un document de réflexion est préparé annuellement par le G.R.P. avec une suggestion d’offrande de la part de la Caisse de Secours, le plus souvent en collaboration avec le Mennonite Central Committee (M.C.C.).

Voici comment ce dimanche a été vécu en 1984 à Hautefeuille (région parisienne) :
“Le culte du dimanche 11 mars fut pour la petite assemblée de Hautefeuille, l’occasion de répondre à l’invitation lancée par l’Alliance Mennonite des Objecteurs (1) en organisant ses réflexions du jour sur le thème de la paix. Si, de toute évidence, une certaine diversité de pensée se manifeste au travers des membres de l’assemblée, l’intérêt que beaucoup portent aux questions ayant trait au pacifisme biblique est cependant très réel... Le thème développé fut celui de l’engagement social et non-violent des chrétiens.... La collecte du jour, comme demandé, fut envoyée à la Caisse de Secours dans le but de participer aux frais d’envoi d’une cargaison de lait à destination du Tchad” (Lettre de Nouvelles de l’Alliance Mennonite des Objecteurs, n°5 juillet-août 1984-Francis Hannion).

Actuellement, une dizaine de nos assemblées célèbre ce dimanche et destine l’offrande au projet proposé par la Caisse de Secours. En 1994, par exemple le G.R.P. a proposé une réflexion sur la résolution prise à Colmar lors du Congrès Mennonite Européen de 1993 “Jésus-Christ est notre paix”.

Voici la liste des bénéficiaires des derniers dimanches pour la Paix : Maison d’accueil (pour SDF) à Montbéliard, Accueil des malades du sida par l’association ACCOREMA en Espagne, Réfugiés du Rwanda, du Zaïre et du Burundi, Travail de réconciliation du MCC au Congo, Lancement du Département Ethique Paix et Justice au Tchad.

Comme le rappelle le règlement intérieur de notre groupe, nous voulons continuer “à encourager chaque assemblée locale à témoigner concrètement de la paix voulue par Dieu, tant en leur sein que vers l’extérieur”. Les assemblées peuvent, si elles le souhaitent, inviter un membre du G.R.P. pour animer le culte en ce dimanche.
André Nussbaumer
(1): le G.R.P. a été créé officiellement en 1990. Un groupe informel avait fonctionné depuis les années 70, d’abord sous l’appellation A.M.O.U.R. (Alliance des Objecteurs de Conscience Unis par le Ressuscité), puis Alliance Mennonite des Objecteurs.

Le “Prix Nobel alternatif” revient à des militantes croates pour la paix

Le “Prix Nobel alternatif” distingue cette année deux militantes croates pour la paix, un médecin américain de l’environnement, un groupe chilien de protection de l’environnement et le réseau international “Alimentation pour bébés”. Ce prix, doté en tout de 1,8 millions de couronnes suédoises (environ 380’000 DM) de la “Fondation pour une vie dans la justice” est attribué chaque année à Stockholm. Il doit récompenser des intiatives qui se sont distinguées en faveur d’un “renouvellement culturel et intellectuel” et des technologies durables. Par ce prix, créé en 1980, le publiciste germano-suédois Jakob von Uexhull veut apporter un contrepoids aux prix Nobel, qui à son avis ignorent beaucoup de ce qui est vraiment décisif pour l’avenir.

Selon les informations données par cette fondation, les deux Croates Katarina Kruhonja et Vesna Terselic ont recu le prix pour leur “incroyable engagement” pour la paix, la justice et le réconciliation en ex-Yougoslavie. V.Terselic a fondé la campagne croate anti-guerre. Ses membres, venus de toute les républiques de l’ex-Yougoslavie, se sont engagés, faisant fi des décisions prises par les politiques, à vivre ensemble dans “la liberté, la justice et le bien-être pour tous”. Kruhonja est prédisente du centre pour la paix, la non-violence et les droits humains d’Osijek en Slavonie orientale. Cette région a été conquise en 1991 par les Serbes et est revenue en janvier, après deux ans d’administration par l’ONU, sous domination croate. Le centre s’engage entre autres pour les réfugiés et ceux qui essaient de revenir au pays ainsi que pour les droits des objecteurs de conscience.
Hannes Gamillscheg / Frankfurter Rundschau / 7.10.1998
Trad: Jacqueline Lépeix
NdlR: Katharina Kruhonia a participé au séminaire organisé par Church and Peace à Pecel, Hongrie en 1995.

Transmission du Centre de Liaison des Services pour la Paix à Church and Peace
Christian Hohmann
Le travail du Centre de Liaison des Services chrétiens pour la Paix, la Justice et la Sauvegarde de la Création, dont Gordon Matthews était le secrétaire a été transmis à Eglise et Paix le 19 janvier 1999. La tâche initiale du Centre de Liaison - la publicaiton d‘un répertoire des Services chrétiens pour la Paix - était terminée dès 1995. Le secrétariat international d‘Eglise et Paix est désormais chargé de l‘actualisation régulière de ce répertoire qui sera assurée par Terri Miller. On peut obtenir ce répertoire plein de renseignements et d‘adresses utiles auprès du secrétariat international pour la somme de 15 DM plus les frais d‘envoi.
Ce transfert du Centre de Liaison est devenu une nécessité pour des raisons financières et montre le désir de poursuivre le travail à moindres frais. Jusqu‘à présent, ce travail était accompli sous l‘égide d‘ Eglise et Paix, Pax Christi, IFOR et le groupe de travail européen des Fransiscains consacré au processus conciliaire. Cette coopération sera maintenue dans l‘avenir sous la forme d‘un conseil d‘accompagnement.
Trad : M-NvdR

Témoignage pour la paix poarmi les mennonites européns: perspectives
Maarten van der Werf
Le Comité mennonite européen pour la Paix (EMFK) a tenu sa rencontre annuelle du 30 octobre au 1er novembre 1998 à Heerlen, aux Pays-Bas, dans les locaux de l‘assemblée mennonite. 14 délégués venus de Suisse, d‘Allemagne et des Pays-Bas y représentaient les comités de paix nationaux. Terri Miller représentait Church & Peace qui est depuis longtemps en contact avec le comité EMFK.
La structure de l‘organisation fut évaluée et discutée en profondeur discussion qui aboutit à l‘élection d‘Annelies Klinefelter, membre de Church & Peace, à la présidence du comité. D‘autres sujets furent abordés: soutien et promotion du réseau mennonite international pour la paix et la justice (au nom de la Conférence Mennonite Mondiale), tendances observées dans le développement des possibilités d‘engagement pour la paix à court terme (6 mois à un an), collaboration dans le cadre des formations à la gestion des conflits. Les besoins et les possibilités d‘intervention dans les églises en cas de conflits furent également mentionnés. On entama aussi un début de réflexion en vue d‘une contribution à la prochaine Conférence Menonite Européenne qui aura lieu en l‘an 2000. Le dimanche matin, un culte sur le thème “aimez vos ennemis“ donna l‘occasion de rèfléchir à ce commandement de Jésus que nous avons tant de mal à mettre en pratique.
Trad : M-NvdR

Plus haut que la raison (Philippiens, 4,7)
Vision et quotidien de l’Eglise de paix

Tel était le thème de la rencontre régionale germanophone de Church & Peace qui a eu lieu du 2 au 4 octobre 1998 au Thomashof près de Karlsruhe, en liaison avec la session d’automne du comité de paix mennonite allemand (DMFK).

Les trois conférenciers étaient Cor Keijzer (pasteur évangélique-réformé d’Enschede, aux Pays-Bas), Herbert Froehlich (prêtre catholique de Heildelberg) et Marie-Noëlle von der Recke (théologienne mennonite de Laufdorf et présidente de Church & Peace). Après les trois conférences il y a eu des groupes d’échanges sur différentes thèmes, par exemple “vivre en communauté”, “partager”, “prendre des décisions - résolution nonviolente des conflits-”, ayant pour toile de fond aussi bien les expériences de vie communautaire que le quotidien d’une paroisse.

Après une soirée récréative, le pasteur ChristianHohmann a prêché le dimanche matin dans un culte commun avec les paroissiens et paroissiennes mennonites de Karlsruhe, sur Actes 2, 42-47. Christian Hohmann a caractérisé la communauté ou l’Eglise - sur le plan local aussi bien que sur le plan mondial - comme un réseau de relations de gens très différentes qui se savent engagés sur le chemin de Jésus, et vivent l’unité demandée par le Christ dans toute leur diversité, une unité qui se concrétise non seulement par le partage d’une foi commune, mais aussi par le partage de biens materiels.
D’une table ronde pour planifier l’avenir le travail de la région germanophone de Church & Peace s’est dégagé en priorité le souci de la paix sociale. Un comité d’animation été formé pour la région germanophone, composé pour l’instant de 6 personnes. Les personnes interessées par un collaboration à ce comité, surtout venant de l’Eglise catholique, sont les bienvenues, et voudront bien s’adresser au secrétariat international de Church & Peace.

Un autre résultat de cette rencontre a été le 19 novembre un entretien des collaborateurs du bureau du DMFK avec Christian Hohmann sur une coopération plus étroite, aussi bien sur le fond que la structure, en tant qu’Eglise de paix, entre DMFK et Church & Peace.
Birgit Dobrinski


La violence dans les villes : un défi pour les Eglises ?
Rencontre régionale francophone

La rencontre régionale francophone d'Eglise et Paix a eu lieu du 18 au 20 septembre 1998, près de Lyon en France. Le Centre Alain de Boismenu, qui nous accueillait, est membre d'Eglise et Paix. C'est une communauté catholique de prêtres et de laïcs. Le thème du week-end était "La violence dans les villes : un défi pour les Eglises ?" Environ 40 personnes ont participé à ce week-end qui se voulait en lien avec la campagne "Paix dans la ville" du Conseil Oecuménique des Eglises, Programme pour vaincre la violence (PVV). La rencontre était organisée par Eglise et Paix, conjointement avec le Mouvement International de la Réconciliation (M.I.R.) français et de la section lyonnaise de Pax Christi.

Notre orateur, Frédéric de Coninck, un sociologue mennonite de la région parisienne, a commencé par une analyse des évolutions sociologiques des 50 dernières années et leurs relations avec l'augmentation de la violence urbaine. Il a tout d'abord fait remarqué la diminution marquante de la proportion de population agricole depuis la deuxième guerre mondiale jusqu'à la fin des années 60. Il a montré comment la criminalité et le chômage ont augmenté parallèlement entre 1953 et 1993. Selon Frédéric de Coninck, les deux explications politiques suivantes contiennent une part de vérité. L'interprétation "de gauche" met en relation le manque d'emploi avec la hausse de la criminalité, celle "de droite" incrimine l'affaiblissement des liens familiaux ou communautaires comme facteur d'augmentation de la violence. Frédéric de Coninck a aussi mis l'accent sur les différences entre la vie rurale, avec ses liens solides, parfois aussi oppressifs, et la vie urbaine, où il y a davantage d'individualisme, et beaucoup moins de contrôle sur le comportement des personnes.

Entre les sessions principales, des membres de différentes communautés chrétiennes travaillant pour la paix dans des zones urbaines ont partagé leurs expériences. Patrick et Rolande Pailleux de Lille nous ont parlé de la difficulté "de vivre l'évangile dans un monde où il n'est pas bien accepté". Ils essaient d'être des "ponts" pour permettre à des personnes de se connaître et de découvrir la culture et la manière de vivre de l'autre. Maria-Jose Hervas d'ACCOREMA à Burgos en Espagne a décrit sa communauté : depuis 20 ans, celle-ci s'occupe de marginaux (alcooliques et drogués), de personnes atteintes du sida et de prisonniers récemment libérés. Alain Cleyssac a parlé du développement de la médiation dans les écoles grâce à des "médiateurs en culottes courtes."

Dans sa dernière intervention, Frédéric de Coninck a posé la question du rôle des chrétiens et des Eglises face à la violence urbaine. Pour lui, il n'y a pas de solution facile et rapide. "Dieu est plus patient que nous", a-t-il dit. Cependant, il est important d'interpeller les pouvoirs publics. Il nous a aussi invité à réfléchir à notre conception de la communauté chrétienne. Il nous a dit que Jésus proposait un lien différent des structures de parenté qui enserraient l'individu dans les sociétés antiques, un lien égalitaire, un lien de fraternité. La mission de l'Eglise est de créer des liens forts et égalitaires entre des personnes qui n'ont apparemment rien en commun.

La rencontre s'est terminée par une célébration oecuménique. Doris Reymond, ancienne coordinatrice de la région francophone, a prêché sur le texte de l'Evangile de Jean (14,27) : "Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix". Elle a proclamé la présence et la puissance de Dieu, soulignant l'importance de travailler pour la paix et la vérité dans le monde.
Anne Marshall
Traduction : Ruth Wenger Sommer


RENCONTRE DU DEPARTEMENT DE RECHERCHES COMMUNAUTAIRES
Gagnières 1999

Comme chaque année, Caulmont était représenté à la rencontre du Département de Recherches Communautaires où une vingtaine de communautés, communions ou fraternités se rassemblent dans un lieu différent pour un grand partage.

Nous étions réunis cette année du 4 au 7 mars dans un petit village des Cévennes, au Centre Chrétien de Gagnières. Ce lieu d'accueil se consacre depuis une trentaine d'années au travail de rapprochement entre des chrétiens par des sessions, des rencontres, une prière, et un engagement sur les chemins de l'unité avec en corollaire une passion pour le peuple juif.

C'est la joie des retrouvailles, des amitiés. Depuis 25 ans, les liens se tissent et se renforcent. Nous faisons partie d'une grande famille qui portent l'histoire de nos partages, de notre cheminement, de nos hauts et de nos bas, de notre prière. Une famille où nous nous découvrons beaucoup de points communs, une sensibilité proche et la perception d'une vocation dans une même mouvance au sein du peuple de Dieu. Pourtant nous sommes très différents : communautés monastiques ou communautés de familles, communions ou fraternités, protestantes, évangéliques, ou oecuméniques. Ces différences pourraient être explosives si nous ne vivions ensemble la priorité de ce qui nous rassemble : la dimension communautaire nourrie de la prière et de l'accueil, pour l'église et le monde d'aujourd'hui.

Voici un très court extrait de l’exposé de Frère Guido de la Communauté de Bose (Italie), sur le thème de notre rencontre : “ les raisons d'être de nos communautés et les signes que nous pouvons être dans l'Eglise et dans le monde”.

Les raisons de notre entrée dans la communauté et les raisons de chaque communauté pour naître sont suffisantes pour commencer mais pas pour continuer. Il faut ensuite s'adapter et notre fidélité doit rester dynamique sinon elle se fige. La communauté n'épuise pas tout l'évangile et elle doit en vérifier la globalité dans l'Eglise. L'Eglise institutionnelle est responsable des communautés.
Il est important que l'Eglise entende et suive la direction prophétique des communautés.
Il est important de veiller à l'authenticité de ce que l'on vit, de rechercher si ce que l'on vit aujourd'hui a une raison d'être vis à vis de l'évangile et du Christ et ne jamais nous confier à un héritage que l'on a reçu.

Nos communautés sont fondées sur les pauvres et les plus faibles de la communauté, ceux qui sont capables de laisser le Christ transformer la faiblesse en puissance de Dieu. Souvent on a, et on, donne l'impression que nos communautés sont fondées et gérées par les forts, par ceux qui ont plus de charismes, en réalité nos communautés sont fondées sur ceux qui se font les serviteurs de tous qui se mettent à l'avant-dernière place. A la dernière place il y a le Christ.
Myriam Kornig, Caulmont

Nouvelles du bureau international
Christian Hohmann
Notre équipe est renforcée pour une année depuis le mois de janvier. Ceci nous permet une meilleure répartition des tâches à accomplir.
Blaise Amstutz, bénévole mennonite suisse, travaille avec nous dix heures par semaines; il est responsable de la comptabilité, exécute de nombreuses tâches pratiques et va réorganiser la gestion des archives. Birgit Dobrinski travaille à mi-temps et est la personne de contact pour la région germanophone - elle est entre autres responsable de la rédaction de la version allemande du bulletin “Eglise et Paix“. Terri Miller est employée à temps plein et est la personne de contact pour les régions anglopohne, francohone et pour l‘Europe de l‘Est. Elle est responsable de la rédaction du bulletin en anglais et en français et de la coordination logistique des conférences internationales. Christian Hohmann est responsable des contacts avec le Conseil d‘Administration et les organisations amies, des questions touchant au personnel, aux finances et à la collecte de fonds, il coordonne le travail de fond de Church & Peace et représente l‘organisation vers l‘extérieur. Le courrier et le travail de publication sont portés par toute l‘équipe.
L‘équipe du bureau international travail en contact constant et en collaboration avec les bureaux régionaux.
Trad : M-NvdR

Dóra Vaik - Coordinatrice pour l’Europe de l’Est
Je m’appelle Dóra Vaik. Je suis née le 26 juillet 1970. J’ai fait des études de langue, histoire et culture germaniques et de français. Je suis professeur d’allemand et traductrice-interprète. J’ai grandi dans un petit village, Visegrad, où vivent toujours ma mère et ma sœur. Je suis célibataire, et pour le moment, j’habite et je travaille à Budapest.

Je suis de confession catholique romaine. J’ai été longtemps active dans ma paroisse : j’ai fait de l’enseignement religieux aux enfants et aux jeunes et j’ai organisé des spectacles de Noël et des camps d’été. Depuis que je vis à Budapest, il ne m’est plus guère possible de prendre part à la vie de ma paroisse.

J’ai fait connaissance de Church & Peace par des amis membres du “Mouvement Bokor”. Comme je me retrouve tout à fait dans les objectifs et les principes de Church & Peace, j’ai été très heureuse lorsque Gyula Simonyi m’a proposé de travailler pour Church & Peace en Hongrie.

En travaillant à mi-temps pour Church & Peace, je serai à l’avenir responsable pour les tâches suivantes : travail de traduction (publication trimestrielle, dépliants), recherche de nouveaux groupes de membres et de collaborateurs/trices en Hongrie et dans d’autres pays de l’Europe de l’Est, contacts avec les églises, les médias et le public en général. J’éspère, avec mes capacités et ma connaissance des langues, pouvoir faire du bon travail.
Trad: Louise Nussbaumer

David Fulep
Je suis né en 1975 dans une famille chrétienne. Je suis le deuxième enfant d'une famille nombreuse : j'ai six frères et sœurs. J'ai des attaches familiales solides et j'habite avec mes parents. L'année passée, j'ai terminé ma formation d'ingénieur en technologies de l'information à l'université de Miskolc en Hongrie. Après avoir passé cette étape avec succès, j'ai entrepris récemment un doctorat en système de réseaux d’ordinateurs. Toute ma famille est contre l'usage de la violence, c'est pourquoi mon frère aîné et moi avons choisi de faire un service alternatif au lieu du service militaire.

J'ai fait la connaissance d'Eglise et Paix en 1997, lors du deuxième Rassemblement Oecuménique Européen à Graz en Autriche. Depuis, une année et demie s'est écoulée et j'ai eu le temps d'en savoir un peu plus sur les buts et les activités du réseau.

Au sein de la région de l'Europe de l'Est, j'ai la responsabilité du site internet, de la version russe et hongroise du bulletin d'Eglise et Paix (mise en page, coordination des traductions, envoi, mise à jour des fichiers, impression) et je travaille avec Dora.
David Fulep
Traduction : Ruth Wenger Sommer

Laufdorf, tel est le nom de ce village où j’ai “attérit” le dimanche 10 janvier 1999, en provenance de Suisse, plus spécialement de La Chaux-de-Fonds.

Désirant parfaire mes connaissances dans la langue de Goethe, j’ai pris contact avec Marie-No”elle Von der Recke (présidente de Church and Peace), pour savoir s’il était possible de m’héberger au Laurentiuskonvent, pour une durée d’une année.

Trouvant facilement un accord, je me suis mis au travail dès mon arrivée. En effet, 1/3 de mon temps sera consacré à 2 petits enfants de 5 et 21 mois (promenades, jeux... et pampers). Le deuxième tiers, je le passerai au Laurentiuskonvent, pour aider à la cuisine au nettoyage..., lors des séminaires.

Quant à mon dernier tiers, je la passerai à Church & Peace. Je m’occuperai de la comptabilité pour cette année, de la restructuration de leur bibliothèque sur ordinateur... et au collage des timbres et étiquettes sur les enveloppes que vous recevrez.

Sinon, je prends également des cours d’allemand à raison de deux soirs par semaine et vais m’intéger prochainement dans une église et un club sportif pour “parfaire”mon intégration, ici, en Allemagne.
Blaise Amstutz / 21 ans

Pierrot Bovy, le mari de Marie-Pierre, de la communauté de l’Arche, est mort le 21 janvier 1999 à Dijon (France). L’enterrement a eu lieu à Mazille (Bourgogne) le 23 janvier.

Jean-Baptiste Libouban a rendu hommage à Pierrot et à son engagement pour la paix : “Nous nous souvenons de Pierrot paysan, de Pierrot artisan, de Pierrot jeûnant au centre nucléaire à Creys-Malville, donnant de son temps pour la défense des droits de l’homme et de la vie, allant jusqu’à Tahiti pour protester contre les essais nucléaires français, contre la mort. Nous nous souvenons de Pierrot dans la fondation et la continuité de Bonnecombe jusqu’à son terme. Nous nous souvenons de Pierrot cherchant intensément la vérité de l’être dans ses dernières années, avec le soutien des sœurs du Carmel, de ses amis de Mazille et de Démocratie et Spiritualité, des Réseaux Espérances et de bien d’autres. Nous nous souvenons de son sourire, de son plaisir de vivre, de son goût pour la beauté, le chant et la musique.”

Pierrot fut membre d’I.F.O.R., de collectif “Stop Essais” et d’Abolition 2000. Condoléances à : Marie-Pierre Bovy, Maison Jean Monnet, F-71250 Mazille.

Paul Champagnol nous a quitté le 1er mars à 88 ans.Paul a été pendant plusieurs années le représentant des quakers français auprès de Church & Peace. Ami quaker de longue date, il a toujours milité pour les causes de la paix et le bonheur pour tous.

Les dernières années, il était responsable du Groupe de Prières d’Intercession Oecuménique et de Soutien pour les Malades. Mais c’est au sein de sa petite ville qu’il a été le plus actif. Et je cite une jeune voisine: “Personne n’a été plus proche des gens, plus disponible, plus ouvert aux autres, aux plus malheureux que lui. Il restera un exemple pour nous puisque son modèle était Jésus et qu’il l’a suivi toute sa vie”.

Pour nous reste le vide, mais aussi la reconnaissance pour sa vie exemplaire remplie d’amour et d’action.
Pour les quakers de France, Christine Abt

Cahiers de la Réconciliation
Si l’actualité vous intéresse, les luttes pour la paix vous interpellent, l’évangile ne vous laisse pas indifférent, la non-violence vous concerne...abonnez-vous aux Cahiers de la Réconciliation du Mouvement international de la Réconciliation, branche française! Offre spéciale: 100FF pour 4 numéros annuels (au lieu de 145FF). Cahiers de la Réconciliation , 68 rue de Babylone, F-75007 Paris, Tél/fax: +33 1 47 53 84 05. (M.I.R.)

Réseau anabaptiste pour la paix
Le Réseau anabaptiste pour la paix et la justice possède maintenant son site sur internet. Vous y trouverez des sujets de prière et des informations sur le travail des mennonites et des Eglises de frères du monde entier dans les domaines de la paix et de la justice. Les créateurs de ce site espèrent conscientiser et encourager d'autres personnes à soutenir les efforts de ces Eglises et organisations. (pour l’instant tous les textes sont en anglais) http://www.mwc-cmm.org
(rws)