Réparer les brèches, rendre les villes habitables - un défi pour les Eglises

Conférence internationale de Church & Peace

par Terri Miller

Le réseau oecuménique international Church and Peace examinera la vocation de l’Eglise de “réparer les brèches et rendre les rues des villes habitables” (d’après Esaïe 58,v.12) lors d’une conférence internationale qui aura lieu à Elspeet aux Pays-Bas du 27 au 29 avril 2001.

Des représentants d’Eglises, de communautés et d’organisations de service pour la paix de toute l’Europe aborderont le thème “vaincre la violence” dans le contexte des conflits inter-religieux et inter-ethniques. Il s’agira d’évaluer les expériences glanées par les Eglises et les groupes chrétiens engagés pour la paix dans le contexte du conflit des Balkans pendant les dix dernières années. Des propositions concrètes pour le travail pour la paix, valables non seulement pour ce contexte précis mais aussi pour d’autres foyers de conflit, seront formulées. La conférence doit également servir de forum d’échanges et favoriser les contacts entre les chrétiens pour qui la vie communautaire est le lieu premier du témoignage pour la paix. Cette rencontre est vue par les organisateurs comme une contribution à la Décennie ”Vaincre la Violence” lancée sous l’impulsion du Conseil Oecuménique des Eglises (COE) et qui doit démarrer au début de l’année 2001.

La conférence commencera par un entretien avec le théologien mennonite allemand Fernando Enns, membre du Comité Central du COE, et initiateur de la déclaration sur la Décennie formulée lors de l’assemblée du COE à Harare en 1998. Les orateurs principaux du samedi matin seront le pasteur baptiste Aleksandar Birvis, ancien enseignant à l’institut théologique d’Osjek et au séminaire orthodoxe de Belgrade, fondateur de l’association yougoslave pour la liberté de religion, et Anthea Bethge, prostestante allemande, formatrice aux méthodes de résolution non-violente des conflits. Ils examineront le rôle joué par les Eglises dans le conflit des Balkans et proposeront des pistes de réflexion pour le travail de réconciliation et de guérison qui doit être accompli.

Différentes facettes du thème de la rencontre seront abordées par les participants dans le cadre de groupes de travail: médiation, prévention de la violence, vérité sur l’usage des armes contenant de l’uranium appauvri pendant l’offensive de l’Otan en 1999. Un forum de dialogue réunira les orateurs du matin et des partenaires d’Irlande du Nord et du Rwanda, à la recherche de points de convergence entre différentes situations de conflit inter-ethnique et inter-religieux.

La conférence se terminera dimanche par une célébration oecuménique. C’est Janna Postma, pasteur de l’Eglise mennonite néerlandaise, qui assurera la prédication sur le texte d’Esaïe 58, thème de la rencontre.

Une rencontre plus restreinte entre des ressortissants de la région des Balkans et des membres du réseau de Church and Peace précédera la conférence.

Pour de plus amples informations et pour obtenir les formulaires d’inscription pour la conférence, adressez-vous au secrétariat international ou francophone (voir page 2).

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Construire du solide et nouer des amitiés....

Chers lecteurs, chères lectrices,

vous est-il arrivé de partir un jour de chez vous pour un court voyage et de revenir le lendemain, fatigué, mais avec la certitude au coeur : j’ai plus de cent nouveaux amis ?

Ces derniers mois m’ont donné par deux fois l’occasion de faire cette expérience : lors d’une visite à l’as-semblée Mennonite de Colmar qui me permit de présenter le travail de Church and Peace et lors d’une visite à la communauté protestante “Christusbruderschaft” à Selbitz (Allemagne) qui m’avait invitée avec mon époux dans le cadre d’une rencontre communautaire sur le thème de la non-violence évangélique. A Colmar, dans la chapelle toute neuve, je revoyais après de longues années des frères et sœurs déjà connus et je découvrais une foule de nouveaux visages - dont beaucoup de jeunes; à Selbitz, je découvrais sous le voile des sœurs et le costume sombre des frères des personnes bien réelles entrevues jusque là seulement sur des photos.

Si j’essaie de saisir le motif de cette certitude d’avoir autant de nouveaux amis après une si brève visite, quelques thèmes s’imposent à mon esprit, solides matériaux pour construire une maison où il fait bon vivre, un mur qui tienne - et des amitiés profondes : une communauté et une assemblée où l’on prie et l’on chante, où la Parole de Dieu est approfondie et où l’on mange ensemble dans la joie, mais aussi des lieux où les réfugiés trouvent refuge et soutien, et où on prend au sérieux le défi devant lequel sont placés les Chrétiens de travailler à la résolution des conflits sans recourir à la violence. Deux communautés profondément différentes de par leurs origines confessionnelles et leur histoire, mais qui se rejoignent dans leur attachement à Jésus-Christ et à son enseignement... C’est de cette constatation tellement encou-rageante que naît le sentiment d’avoir reçu le cadeau inestimable de plus de cent nouvelles amitiés en moins de 24 heures.

Ce numéro double de notre Lettre de Nouvelles est riche en exemples qui sont autant de pierres supplé-mentaires pour construire la maison, le mur évoqués plus haut : récits de réconciliation et amitiés nouées à la rencontre régionale de Grandchamp, approfondissement de la contribution de John Yoder à la théo-logie de la paix au Bienenberg, protestation non-violente des compagnons de l’Arche et des Quakers à la foire aux armements d’Eurosatory, réflexion sur la vie communautaire après un séjour à l’Arche de Saint Antoine, essai de dialogue avec des militaires et des aumôniers de l’armée lors de la rencontre régionale germanophone de Church and Peace...

Une décennie pour vaincre la violence a été lancée par le Conseil Oecuménique des Eglises. Church and Peace ne peut que se réjouir de cette initiative et veut y apporter sa contribution de diverses manières : une proposition d’action émanant des groupes quakers germanophones, une rencontre avec des artisans de paix originaires de toutes les régions de l’ex-Yougoslavie et surtout une conférence inter-nationale qui tentera de répondre au défi de “vaincre la violence dans le contexte des conflits inter ethniques et interreligieux”. Il sera question lors de ces rencontres de la vocation du peuple de Dieu de “réparer les brèches et de rendre les villes détruites habitables”- donc d’apprendre à construire du solide dans un monde qui s’effrite- et je sais par expérience que nous rentrerons chez nous fatigués, mais avec la certitude un peu ébahie d’avoir des dizaines de nouveaux amis. Bonne lecture !

Marie-Noëlle von der Recke

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Eglise et Pouvoir

Rencontre francophone de Church & Peace

par Theo Döllgast

Une rencontre d’Eglise & Paix est comme la poussée rarement visible d’un champignon souterrain qui travaille la plupart du temps dans l’ombre...

La rencontre francophone de Church & Peace avait lieu du 27 au 29 octobre 2000 à Grandchamp (Suisse) dans un climat favorable au thème proposé : la Suisse, avec sa convivialité nationale, et la Communauté de Grand-champ, où une quarantaine de soeurs chrétiennes pratiquent l’oecuménisme depuis quarante ans.

Le titre de la rencontre “Eglise et Pouvoir” annonçait un projet exigeant dont on savait dès le départ que seules quelques facettes pourraient être abordées.

Le programme mettrait en avant des questions fondamentales liées au sujet :

• Quelle a été, quelle est, et quelle devrait être la relation de l’Eglise avec le pouvoir ?

• Vivre en tant que citoyen/ne et chrétien/ne aujourd’hui, est-ce vivre une tension, un dilemme, une utopie ?

• Y a t-il une réponse chrétienne à la montée des nationalismes en Europe et dans le monde?

Comme souvent, il est plus facile de poser des questions que de donner des réponses. A Grandchamp, on pourrait plutôt parler de façons d’aborder le thème. Cela a été fait sous deux angles: académique et pratique.

Dans la partie académique, Antoine Nouis, pasteur de l’Eglise réformée de Paris, a présenté un aspect biblique. Il a utilisé le schéma mental des deux axes du temps et de l’espace, le temps étant la dimension de Dieu, l’espace la dimension de l’homme. Dans ce cadre, le Dieu du temps se présente en opposition aux dieux de l’espace. Dieu est d’abord compris comme le libérateur (Egypte, Babel) qui attribue aussi de l’espace (la Terre promise), et seulement ensuite comme créateur de l’univers. L’évolution historique de la tribu à la nation juive privilégie de plus en plus l’espace et trouve son apogée dans le Temple, entreprise géante minutieusement réglementée. Jésus condamne cette évolution erronée et conteste le Temple. “L’espace-temple” sera finalement perdu en 70. C’est Paul qui annoncera de nouveau l’universalité de Dieu au-delà des frontières nationales.

Christian Renoux, catholique, historien à l’université d’Orléans, a présenté l’aspect historique du couple malheureux “Eglise/ Pouvoir” en faisant un survol de l’histoire occidentale. Jésus, de nationalité galiléenne, devient victime du pouvoir religieux. Le culte de l’empereur entre en conflit avec le judaïsme et ensuite avec le christianisme. La jeune Eglise emprunte au vocabulaire de la politique (par exemple: “ecclesia” signifiait à l’origine “assemblée politique”). L’intolérance devient violente après 325. En 385, le premier “hérétique” espagnol est brûlé sur un bûcher. St Martin coupe les arbres sacrés. C’est Augustin qui introduit l’idée que l’empire romain pourrait être défendu par la violence en cas de nécessité. Charlemagne christianise de force les Saxons et unit l’Europe en utilisant la violence. Revanche de l’histoire: c’est le Saxon Luther qui met fin à cette unité forcée... “Clériocratie” médiévale, “césaropapisme” byzantin : alliance (et parfois même identification) des églises réformées avec l’état. En France, la loi de 1905 sur la sépa-ration de l’église et de l’état est une chance pour le dialogue interreligieux. C’est aussi une chance pour l’Europe moderne et la mondialisation de concilier des antagonismes: unité et diversité, régionalisme et universalité, citoyenneté chrétienne et nationale, voire universelle. Ou si on l’exprime dans les termes d’Antoine Nouis: réconcilier l’espace avec le temps.

Dans la partie pratique, les témoignages de ceux qui sont actuellement concernés étaient encore plus touchant que ces réflexions percutantes. Joséphine Ntihinyuzwa a parlé calmement des injustices criantes dans son pays (le Rwanda), où l’Eglise, impliquée avec le pouvoir d’état, a réagi trop tard au génocide entre chrétiens (95% de la population du pays). Noriko Isomura, d’origine japonaise, a montré comment la douloureuse double identification victime (Hiroshima)/coupable (Philippines) facilite finalement la réconciliation. Hasso Beyer personnifie une réconciliation complexe et polyglotte: originaire d’une partie de la Pologne allemande pendant son enfance, objecteur de conscience, il est nommé aumônier militaire de l’armée française à Berlin ! Il est aujourd’hui prêtre en paroisse en France. Et enfin, un des meilleurs témoignages de la guérison des “blessures collectives” est la vie fraternelle des soeurs de Grandchamp qui regardent leur communauté comme un “champ d’exercice de la réconciliation”.

Pendant un temps de bilan, Marie-Noëlle von der Recke a souligné que le “chemin de guérison” serait surtout une attitude personnelle d’écoute, de rencontre et de respect de l’autre.

François Caudwell, pasteur mennonite des Bulles (Suisse), évoquait dans le culte de clôture le pouvoir comme “maladie héréditaire de l’Eglise”. Les chrétiens sont-ils donc obligés de vivre avec cette infirmité chronique ? On souhaiterait plus de clarté en cette matière... Mais peut-être cette question sera t-elle abordée ailleurs dans le champignon aux vastes ramifications de Church & Peace...

 

Des cassettes avec les conférences de Antoine Nouis et de Christian Renoux sont disponibles auprès de la Communauté de Grandchamp.

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Armée allemande, aumônerie militaire et pacifistes autour d’une table

par Alfred Grauer

Vous est-il déjà arrivé de prendre votre petit déjeuner à la même table qu’un évêque aumônier militaire et un général?

Je me suis trouvé dans cette situation lors d’une ren-contre qui eut lieu du 20 au 22 octobre 2000 à Hülsa, près de Kassel en Allemagne et qui avait pour thème « Les chances et les limites de la résolution militaire ou civile des conflits – est-il possible de travailler à la paix avec des partenaires inégaux ? » La réunion avait été organisée en commun par l’aumônerie aux armées de l’Eglise protestante allemande et Church & Peace.

Les 45 participants, soldats, membres du réseau de Church & Peace ainsi que des collaborateurs de l’aumônerie militaire et des services chrétiens pour la paix, tous s’efforcèrent d’entrer en conversation sous la direction prudente de Christian Hohmann, l’ancien secrétaire général de Church & Peace, et du doyen aumônier militaire Peter Michaelis. L’intervention armée de l’OTAN et de l’armée allemande contre la république de Serbie en mars 1999 formaient l’arrière-plan de la réunion.

Questions en suspens sur le conflit du Kosovo :

Le premier exposé du doyen aumônier aux armées, Harmut Löwe avait pour thème « En quoi la politique et l’armée peuvent-elles contribuer à la paix – repères éthiques et questions en suspens concernant la guerre au Kosovo ». Les questions suivantes furent posées :

• L’intervention de l’OTAN au Kosovo était-elle nécessaire? La cohabitation paisible des Serbes et des Albanais semble appartenir à un avenir lointain. La notion de ‘réconciliation’ ne provoque que mépris et railleries.

• N’y avait-il que le choix entre ‘la peste et le choléra’?

• Y eut-il des négligences d’ordre politique ?

• Quelles sont les mesures d’ordre politique et militaire qui auraient dû être prises afin d’éviter la catastrophe ?

Les réponses à ces questions furent modestes. Les man-quements de la politique furent certes évoqués ainsi que l’arrière-plan historique et culturel de la Yougoslavie, mais de façon fort incomplète.

Le rôle de l’aumônerie aux armées fut mis en cause. N’y aurait-il pas dû y avoir une résistance théologique contre une intervention douteuse sur le plan du droit international ? Löwe répondit à cela : « L’aumônerie aux armées a le devoir d’être aux côtés des soldats ! La raison politique est aussi l’expression d’une théologie réelle. »

Le général de brigade Klaus Witmann de l’école militaire supérieure de l’armée allemande à Hambourg fit un exposé sur le thème : ‘Rendre la paix plus sûre – Chances et limites du point de vue militaire’. Dès le début de son exposé il reconnut : « Je serais le dernier à croire qu’on puisse résoudre des conflits par des moyens militaires ». Il parla de façon très éloquente de la nouvelle structure de l’OTAN, du réseau de sécurité et des tâches de l’OTAN face à la vulnérabilité des sociétés modernes. D’après Wittmann, une résolution des crises et des conflits nécessite un corset militaire. Les motifs de la politique de sécurité de l’OTAN sont non seulement militaires mais aussi économiques et sociaux. L’OTAN a en effet pour mission d’assurer la libre circulation des marchés et l’accès aux ressources.

Selon Wittmann, l’intervention armée de l’OTAN de mars 1999 avec la participation de l’armée allemande était nécessaire : « On a laissé faire Milosevic beaucoup trop longtemps ! »

Qu’avons nous à apprendre de la catastrophe du Kosovo ?

Wittmann plaida aussi pour une culture de prévention des conflits, exempte de concurrence entre la résolution militaire et civile des conflits. Il cita Joschka Fischer, le ministre des affaires étrangères allemand : « Surmonter les crises doit avoir priorité sur toute intervention militaire »

Clemens Ronnefeldt, expert en questions sur la paix dans la section allemande du MIR (Mouvement International de la Réconciliation) apporta des informations sur les efforts déployés pour une résolution du conflit avant la guerre, entre autre par la mission de l’OCDE, les actions de St. Egidio, le Balkan Peace Team, etc. Il exhorta au développement et au soutien des groupes de paix et des groupes travaillant en faveur des droits de l’homme.

La critique de Ronnefeldt sur l’intervention de l’OTAN en république de Serbie s’appuya surtout sur l’analyse du général de brigade Heinz Loquai :

• La guerre du Kosovo a servi à tester la nouvelle stratégie de l’OTAN, à imposer la prétention de l’OTAN à l’hégémonie mondiale en excluant l’ONU et l’OCDE, à punir la Serbie considérée comme ‘corps étranger’, à tester une intervention armée de l’aviation militaire des Etats-Unis sans se servir des forces terrestres. L’OTAN voulait enfin avoir une occasion de démontrer sa force, etc. (1)

Coopération entre civils et militaires

Dans quelle mesure existe-t-elle après la guerre du Kosovo, et que font les services pour la paix sur place ? Tel fut le thème de l’exposé du colonel Peter Kratschmer, chef de la coopération entre civils et militaires pour l’armée allemande au Kosovo :

La tâche principale de l’armée allemande consiste à assurer la sécurité sur le plan militaire.

Le but de l’intervention de la KFOR de l’armée allemande est selon lui une stabilisation durable et à long terme de la région.

Les problèmes posés par la présences des minorités serbe et tzigane compliquent la mission de l’armée allemande.

La troupe de la KFOR de l’armée allemande apporte un secours humanitaire et un soutien aux organisations gouvernementales et non-gouvernementales.

Résolution civile des conflits et service pour la paix en Bosnie

Ce fut le thème traité par Birgit Felleisen, bénévole de Quaker Peace and Service à Londres. Elle travaille avec des groupes de femmes et soutient les personnes engagées sur place. Son travail pour la paix et la réconciliation en tant que quaker suscite la confiance nécessaire pour travailler de façon effective dans des situations de conflit. Pour ce qui est de la coopération avec les militaires, Birgit Felleisen est d’avis que les services pour la paix et les militaires devraient se reconnaître mutuellement et se limiter au domaine de leur compétence

Nenad Vukosavlevic, originaire de Sarajevo et travailleur formé pour la paix, s’engage depuis 1997 dans la résolution non-violente des conflits. Son passé est agité : il est serbe, objecteur de conscience, réfugié... Son attitude face aux militaires fut critique. Selon lui, les militaires sont en mesure de modifier la structure du pouvoir mais ne peuvent pas résoudre fondamentalement les conflits. On ne peut pas prétendre protéger les droits de l’homme en limitant ceux d’autres personnes. La tâche des militaires est de protéger la démocratie. N. Vukosavlevic mit l’accent sur le fait que les conflits ne peuvent être résolus que de façon non violente. La démocratisation de la société est éminemment importante, pour stimuler les énergies humaines.

Dans la session finale, on fit remarquer de toutes parts que les moyens financiers dont disposent les militaires sont autrement plus élevés que ceux dont disposent les services civils pour la paix. Klaus Witmann déclara en conclusion que les services civils pour la paix devraient être beaucoup plus développés. L’OTAN se retirerait de la Yougoslavie si la résolution civile des conflits pouvait se faire à plus grande échelle .

La découverte de la vérité est toujours un processus difficile. Les débats apportèrent du piquant dans la confrontation. Mais la voix de la théologie de la paix eut beaucoup de mal à se faire entendre pendant cette rencontre. Les entretiens entre les partenaires militaires et civils seront poursuivis dans un groupe de travail.

(1) Heinz Loquai : « Der Kosovo-Konflikt, Wege in einem vermeidbaren Krieg », Momos-Verlag

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Des indésirables aux portes d’Eurosatory

par Theo Döllgast

Notre dernière Lettre de Nouvelles annonçait EUROSATORY: la grande foire internationale de l’armement à Paris. Une vingtaine de sympatisants, compagnons et amis de l’Arche, ainsi que des groupes britanniques, (surtout des quakers) s’étaient rassemblés pour faire une manifestation non-violente, organi-sée par la CANVA (Coordination de l’Action Non-Violente de l’Arche). Théo Döllgast, membre de l’Arche, nous raconte ses expériences et ses impressions.

L’action comprenait deux volets : le premier était un contre-salon avec stands, ateliers, conférences, et conférence de presse. Du point de vue de la fréquentation, ce contre-salon fut un échec. Cependant, pour nous les participants, ces moments nous permirent de nous mettre en phase, de faire connaissance et de nous encourager. Personne ne sait où la semence des mille tracts distribués aux passants va lever, ni avec quelle vigueur les trente personnes, à qui le physicien dissident Lalande a expliqué le danger de la super-arme Mégajoule, vont retransmettre le message entendu. Le deuxième volet était notre présence au salon du Bourget. A l’intérieur, il y avait huit cents exposants, fiers de leurs merveilles de haute technologie, et une affluence quotidienne de cinq mille visiteurs, civils et militaires. Chez les producteurs et les commerciaux règnait une ambiance de fête; nous étions un peu intimidés par un tel déploiement de pouvoir politique et économique, et choqués de voir comment se pratique le plus naturellement du monde le commerce de l’hor-reur.

Le premier matin, ce sont les “anarchistes” qui occupent le devant de la scène. Ils sont jeunes, plus nombreux que nous, et prêts à se battre. Ils connais-sent leur stratégie sur le bout des doigts. Ils nous prennent de haut et il vaut mieux nous mettre en retrait. Avec leurs habits noirs et leurs drapeaux noirs, leur pièce révolutionnaire s’inscrit dans la tradition des événements de 1789 et de 1968: il y a des tambours, des pipeaux, des choeurs parlés: ce fond sonore est une de leurs armes. Leur tactique, c’est d’attaquer: dès que des messieurs vêtus de noir arrivent avec leur malette noire, ils les encerclent en dansant, ils s’approchent d’eux avec l’affabilité d’un Judas, puis avec une grimace, ils leur lancent des injures telles que “assassins! assassins” ou “salaud” à la figure. Les victimes, elles, font vraiment bonne figure et traversent la ligne de feu sans broncher. Elles restent dignes, à leur manière. A la fin du parcours, apparaît enfin un refuge : un mur de policiers, habillés de noir, eux aussi.... Des deux côtés, on affiche un réel savoir-faire. Mais en fait, tout passe par la violence. Elle est utilisée pour humilier et pour retirer à l’adversaire le respect qu’on lui doit.

Nous autres non-violents allons par quatre, parfois par deux, à tour de rôle nous poster aux différents accès pour piétons et automobiles. Avec notre panneau et notre banderole affichant des paroles d’avertissement, nous sommes plantés là, aux abords déserts de la ville, perdus entre grillages et autoroute. Nous ne sommes pas venus en masse, mais en toute humanité, avec un badge affichant notre nom. Nous sommes une soixantaine en tout. Il y a aussi des individualistes: un homme habillé en blanc portant un drapeau blanc qui distribue des rubans blancs à fixer au col ou au bras. Ce blanc symbolise l’Internationale d’un “nouvel humanisme”. Le slogan “ça suffit”, inscrit sur ses tracts, s’insurge contre l’arrogance scandaleuse du marché aux armements.

C’est le soir que nos contacts sont les plus fructueux lorsque les visiteurs épuisés quittent le champ de bataille. Peut-être qu’après une journée consacrée à l’anticipation d’une nouvelle guerre, les opposants à la guerre représentent-ils une lueur d’espoir. Les limousines s’arrêtent et reçoivent volontiers les tracts. Des soldats voyageant à bord d’un car nous envoient un signe incontestable de sympathie. Un chef d’entreprise belge, livide et au bord du malaise, remet à Jean-Marie Mercy son ticket d’entrée : il dit qu’il est con-verti et qu’il veut changer son style de vie.... Et même des passants extérieurs à la foire nous expriment leur approbation, comme si nous parlions au nom de beaucoup de gens. Notre impact est plus important mais d’un autre ordre que nous ne l’avions prévu.

Quel est le bilan de cette action ? Le groupe “CANVA” s’est retrouvé à Saint Antoine pour une évaluation. “Le combat continue”, des deux côtés pourrait-on dire. L’Arche était présente à la foire jumelle de “Farnbrough International 2000”. “Milipol Paris” a eu lieu au Bourget du 20 au 23 novembre 2001. Sa spécialité : “des armes légères” pour les militaires et la police, y compris des instruments de torture dernier cri présentés sans scrupules. Et Eurosatory aura de nouveau lieu au Bourget en 2002. Ces événements ont lieu un an sur deux. Et nous les indésirables postés à leurs portes, y restons très attentifs...

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La sagesse de la Croix

par Sabine Herold

Au centre du deuxième Symposium du Séminaire Théologique du Bienenberg du 8 au 10 septembre se trouvaient l'homme et le théologien J.H. Yoder et sa préoccupation de la communauté. Bernhard Ott, le directeur du Séminaire Théologique du Bienenberg, a nommé trois doubles concepts qui se dégagent de l’oeuvre et de la personne de John Yoder: communauté et mission, vision et réalité, modestie courageuse et humilité audacieuse.

Vie et théologie - De nombreux exposés se sont suivis sur ce théologien dont la vie a été marquée par un travail inlassable. Mark Thiessen-Nation de Londres nous a offert un résumé biographique. Hanspeter Jecker a présen-té la contribution de Yoder à l'exploration de l'histoire des anabaptistes ainsi qu'un aperçu de ses nombreuses contributions sur ce thème. Neal Blough, professeur à la Faculté Libre de Théologie Evangélique à Vaux-sur-Seine, a clos la première journée du Symposium par un exposé sur "La compréhension de l'histoire de l'Eglise dans la théologie de Yoder".

La communauté en tant que société de contraste ouverte - Un des moments forts de ce Symposium a sans doute été l'exposé de Matthias Zeindler, pasteur de l'Eglise réformée d'Erlarch en Suisse, le samedi matin, sur le thème de "L'Eglise de la Croix. L'ecclésiologie de Yoder comme modèle d'Eglise dans une société pluraliste". Il a commencé par mettre en évidence le pluralisme religieux d'aujourd'hui, dans lequel chacun/e peut se bricoler son propre "patchwork religieux" en s'inspirant des offres existantes. Il n'y a plus de place pour la prétention à une autorité unique d'une tradition particulière. Il s'agit bien plus, en tant que communauté, de former une société de contraste ouverte à toute personne qui souhaite la rejoindre, une communauté "particulière au milieu de particularités".

L'après-midi, Mark Thiessen-Nation a exposé le thème "Au-delà des signes visibles et la sagesse humaine: proclamer le Christ crucifié. La contribution de Yoder à l'éthique de paix." Il ne s'agit pas de demander des signes ou de chercher à tout prix la sagesse, comme le fait le monde, mais de proclamer le Christ crucifié (1 Co 1,8-25).

La table ronde annoncée pour la soirée sur le thème "Impulsions de Yoder sur le terrain de la tension oecuménique" s'est transformée en discussion en petits groupes après que Fernando Enns, directeur de l'Institut oecuménique de Heidelberg, nous ait présenté le thème et les questions à discuter.

Un trésor pour le coeur - Le dimanche le Symposium s'est terminé par une célébration. "Nous portons ce trésor dans des vases d’argile" en était le thème central. Heike Geist, enseignante au Séminaire Théologique du Bienenberg anima la liturgie. Helmut Doerksen, enseignant au Bienenberg, prêcha sur 2 Corinthiens 4. Le pouvoir de vaincre ainsi que nos faiblesses sont au coeur-même de l'Evangile et le chemin de Dieu avec Jésus est aussi le chemin de Dieu avec ses disciples. En tant que réceptacles fragiles nous portons le trésor de Dieu en nous, ce qui nous rend infiniment précieux!

Notre fragilité n'est pas un motif de honte. Notre faiblesse fait partie de la sagesse de Dieu, afin que sa puissance devienne visible, contrairement à la tendance actuelle d'être une communauté de pouvoir au lieu d'une communauté au service.

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Un été à la Communauté de l’Arche

par Paolo et Sonia Vitali

Notre fidélité à la Parole, il nous semble qu'elle n'advienne souvent que par distraction. La fidélité est un don qui ne provient pas de nous-mêmes, c'est un cadeau que nous perdons en cours de route, submergés que nous sommes par nos fréquentes infidélités. Si nous regardons en arrière le chemin parcouru, il nous arrive d'entrevoir de fines traces d'une promesse tenue et notre cœur se gonfle de reconnaissance, il aimerait chanter.

Tel sont les sentiments que je crois éprouver quand je pense à ce que nous avons vécu en famille ces cinq dernières années depuis que Sonia et moi sommes mariés. A l'église nous avions lu ce qu’Esaïe dit sur le jeûne qui plaît au Seigneur au chapitre 58. "Le jeûne que je préfère, n'est-ce pas ceci: dénouer les liens provenant de la mé-chanceté, détacher les courroies du joug, renvoyer libres ceux qui ployaient, bref que vous mettiez en pièces tous les jougs!" Des paroles fortes, exigeant un engagement, en face desquelles nous ne pouvons que confesser notre humble tentative d'engagement à la suite du Christ, de recherche. Des mots tels des étoiles pour s'orienter dans la nuit. Des mots qu'il nous semble pouvoir réellement vivre à certains endroits, et non seulement écouter ou lire. Par exemple dans la Communauté de l'Arche de St. Antoine, où nous avons eu la chance (le cadeau) de pouvoir passer nos vacances l’été dernier.

Mais qu'est-ce qui nous a vraiment attirés vers ce petit village tout près des montagnes du Vercors, où nous avions déjà été à l'occasion d'une rencontre de Church & Peace en mars 1998? Quelque chose de plus que le splendide paysage ou l'atmosphère médiévale de l'abbaye et du village de St. Antoine. Peut-être surtout l'histoire d'une communauté qui cherche à faire avancer le choix de la non-violence selon Gandhi.

Pendant les deux semaines de notre séjour nous avons pu rencontrer quelques-unes de la quarantaine de personnes faisant partie de cette communauté, seules ou en famille. L'Arche de St. Antoine a, au sein du mouvement fondé par Lanza del Vasto, développé une vocation particulière d'accueil, qui se traduit par l'organisation de stages de formation, de séminaires, par l'hébergement de personnes pour des chantiers de travail ou pour des périodes plus ou moins longues de séjour libre.

Qu'est ce qui nous a le plus frappés? Quels sont les points principaux de cet ordre non-violent, pour autant que nous l'ayons compris? Si nous restons schématiques:

• La sobriété et la simplicité de vie qu'on respire dans les choses matérielles, dans les objets, la cuisine, le potager...

• L'attention portée aux personnes et à leurs relations, avec leurs rythmes, leur rites, leurs fatigues...

• Le goût du "beau", une éducation (de plus en plus rare), qui lutte contre la banalisation du quotidien et qui aide à savoir apprécier les belles choses en y reconnaissant le soin qu'elles contiennent ou la merveille qu'elles cachent;

• La primordialité du travail manuel, à savoir la tentative de donner une cohésion à nos actes, l'action pratique étant intimement liée à la recherche de sens; couper ensemble des poivrons à la cuisine est une occasion de croissance, de rencontre (avec soi-même et avec les autres), d'engagement, de prière (Gandhi);

• La recherche d'un christianisme humble...

Il y aurait moyen de continuer en trouvant d'autres aspects montrant à quel point l'expérience de l'Arche est précieuse pour notre époque.

La possibilité de faire une expérience de croissance intégrale s'est offerte à nous, "jeune famille", avec deux enfants encore petits, (Giacomo 4 ans, Bruno 1 an),. Depuis quelque temps une de nos références "idéologiques" est la pensée d’Alex Langer (un parlementaire européen de la région du Haut Adige, fondateur du parti des Verts Italiens et décédé il y a quelques années), qu'on peut résumer en deux phrases provoquantes.

• La première dit à peu près: "Saurais-tu vraiment vivre comme tu proclames que nous devrions le faire?. En d'autres termes: la cohérence est-elle encore une vertu praticable? Jusqu'à quel point? L'Arche peut être considérée comme un essai de réponse à cette question ou du moins comme une tentative de la maintenir en vie.

• La seconde: "La question décisive se pose ainsi: comment une civilisation écologiquement pérenne peut-elle paraître désirable?

Jusqu'à présent, on a agi à l'enseigne de la devise olympique "citius, altius, fortius" (plus vite, plus haut, plus fort) qui représente mieux que toute autre synthèse la quintessence de l'esprit de notre civilisation, où l'atmosphère de fin du monde et la concurrence ne sont pas ce qui fait le sel d'une manifestation sportive, mais bien la norme quotidienne qui se répand partout. Il faut que prenne racine une conception alternative que nous pourrions peut-être résumer ainsi: "lentius, profundius, suavius" (plus lentement, plus profondément, plus doucement). Il faut que nous cherchions dans cette perspective le nouveau bien-être, car aucun remède, aussi rationnel qu'il soit, ne sera sinon à l'abri de l'être qui s'obstine à être hostile, à éluder les problèmes ou à rester simplement indifférent.

Voici pourquoi une politique écologique ne pourra se faire que sur la base de nouvelles (ou très anciennes) convictions culturelles et civiques, élaborées - bien sûr - dans une large mesure en-dehors de la politique, et fondées plutôt sur des bases religieuses, éthiques, sociales, esthétiques, traditionnelles (...).

Je ne sais pas si Langer connaissait les communautés de l'Arche, et si oui, combien. Mais il est un fait que dans sa pensée, dans ce désir de ralentir, d'approfondir, de retrouver un point d'appui solide (dans le sens vrai du terme) pour notre civilisation, on retrouve beaucoup d'idées et de désirs des compagnons de l'Arche.

Sylvie nous avait demandé d'écrire un article pour la chronique de Church & Peace il y a quelques années. Nous avions jusqu'à présent décliné l'invitation parce que notre participation au réseau est essentiellement personnelle (familiale) et parce que nous ne nous sentions pas porteurs d'une expérience particulièrement exemplaire ou significative. Si nous avons écrit ces lignes, c'est surtout en signe de reconnaissance pour Church & Peace et l'ouverture que le réseau a représenté dans notre parcours de vie. C'est aussi parce que cela nous a permis d'extérioriser (surtout pour nous-mêmes) une partie des pensées qui ont mûri cet été et qui sont en train de nous mener vers un projet de séjour à l'Arche de St Antoine pour un an au moins. Ce n'est pas un choix facile (laisser derrière nous les relations, le travail, le pays, la langue...) mais c'est aussi un choix enthousiasmant. Nous nous y préparons "lentement".

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Le concepte de “justice restauratrice” atteint la Russie

Après soixante-dix ans d'un socialisme qui garantissait emploi et logement, l'économie russe s'est effondrée. Le nombre de chômeurs, de sans-abri, d’alcooliques et de drogués a beaucoup augmenté. Un nombre grandissant d'enfants sont négligés ou abandonnés. La société russe est mal préparée pour faire face à une telle situation. Le système social tel qu’on le connait en Occident commence à peine à se mettre en place, et la Russie n'a pas de système judiciaire distinct concernant les mineurs.

Selon les statistiques judiciaires russes, le taux de condam-nations criminelles le plus élevé est celui du groupe des 16-17 ans. Plus de la moitié des délinquants juvéniles envoyés en prison ont été condamnés pour vol, et non pour des actes violents.

“Partnership for Restorative Justice in Russia” (Partenariat pour une Justice Restauratrice en Russie) est une action commune du Public Center for Legal and Judicial Reform (PCLJR - Centre public pour une réforme légale et judiciaire) à Moscou, du Conflict Transformation Program (Transformation des conflits) de l’Eastern Mennonite University (EMU) en Virginie, et du MCC. Ce projet rassemble des juges, des procureurs, des policiers, des organisations ci-viques, des responsables reli-gieux et des éducateurs. Leur but est de faire connaître la philosophie de la justice restauratrice, d’aider à sa mise en pratique, et de démarrer des projets de réconciliation entre victimes et agresseurs dans des villes russes ciblées par ce projet.

En agissant ensemble dans leurs communautés, ces organisations peuvent favoriser la réparation du tissu social déchiré par différentes offenses, déclare Steve Hochstetler Shirk, codirecteur du MCC en ex-URSS. Le MCC collabore avec le PCLJR depuis 1997.

En août, le professeur Howard Zehr de l'EMU a donné une conférence de présentation dans la ville de Dzerjinsk, à l'ouest de Nijni-Novgorod. Rustem Maksudov du PCLJR a rapporté qu'un des principaux résultats de ces séminaires a été une demande (venant des organismes chargés de faire appliquer la loi) en faveur de la formation des inspecteurs de police aux techni-ques de la réconciliation.

La publication de matériel de réflexion et de formation est en cours, dont un manuel en russe présentant des projets de justice restauratrice et une bibliothèque internet des ressources disponibles sur ce sujet, en russe et en d'autres langues.

Ce projet “Partnership for Restorative Justice in Russia”est financé par International Research & Exchanges Board (IREX), qui fait partie de U.S. Agency for International Development (USAID), le Public Center for Legal and Judicial Reform (PCLJR) et le MCC. Les dépenses engagées par l’EMU sont couvertes par le MCC.

Nouvelles du MCC, le 8 septembre 2000

Traduction : Désiré Rusovsky

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Rencontre de réseaux catholiques en Hongrie

par Kati Simonyi

La rencontre annuelle “Halo”, réseau de groupes catholiques de langue hongroise en Europe de l’Est, a eu lieu dans un monastère, centre de formation catholique, dans le village hongrois de Pannonhalma du 26 au 29 octobre 2000.

Les quelques 300 participants étaient venus de différents lieux et de différents mouvements - entre autres la fondation BOCS, membre de Church & Peace, qui s’intéresse aux questions de la paix et de l’écologie au nom de la communauté BOKOR. Le coordinateur régional du travail de Church & Peace en Europe de l’Est, Gyula Simonyi, et sa fille Kati représentaient Church & Peace. Il y avait au programme de cette rencontre des exposés, des messes, des réunions nationales, des groupes de travail, des veillées de prière, de la danse. La rencontre était centrée sur trois thèmes : Education, Culture de la Communication et Communauté. Des tables rondes, auxquelles des laïcs et des prêtres étaient invités à faire part de leurs expériences, suivaient la plupart des exposés.

Environ 10 membres du mouvement Bokor participèrent à la rencontre. Certains d’entre eux avaient été invités pour participer à l’une ou l’autre table ronde ou en tant qu’animateurs d’ateliers. Ils étaient cependant très déçus par le fait que le Père Bulanyi reste exclu d’événements officiels comme celui-ci. En effet, bien que le mouvement Bokor ait participé à l’organisation de la rencontre et que certains groupes Bokor soient membres du réseau “Halo”, le Père Bulanyi n’a pas été autorisé à y venir, et ceci trois ans après qu’il ait été réintégré dans ses fonctions de prêtre. Kati Simonyi se fit l’écho de la frustration de certains participants par rapport à cet orstracisme, observant que “la loyauté de Bulanyi vis-à-vis de l’Eglise catholique, et son engagement en faveur de la langue et de la nation hongroise le font entrer parfaitement dans le cadre de la spiritualité et de l’atmosphère des ren-contres ”Halo”.

Gyula Simonyi a saisi l’occasion de la rencontre pour faire connaître l’Agenda Hongrois pour la Paix, publié tout récemment. Il a également participé aux rencontres nationales pour y parler de l’agenda et du travail de Church and Peace et pour lancer des programmes d’éducation à la paix.

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PROPOSITION

Une contribution des Eglises de Paix à la Décennie “Vaincre la Violence”

par Gordon Matthews

Le Comité pour la Paix de l'Assemblée Annuelle des Quakers allemands est convaincu que la décennie "Vaincre la Violence" est une chance unique d’amener les Eglises à une attitude pacifiste. Les Eglises, les communautés et les groupes de paix, comme celles qui sont membres du réseau de Church & Peace, pourraient jouer un rôle de premier plan.

Dans une demande adressée à l'Assemblée Annuelle des Quakers allemands et autrichiens de novembre 2000, on peut lire que le Comité pour la paix propose que: "l'Assem-blée Annuelle soutienne activement, et en étroite collaboration avec Church & Peace, la décennie "Vaincre la Violence" mise en place par le Conseil Oecuménique des Eglises (COE) pour les années 2001-2010. L'objectif est d’initier un processus de consultation s'étendant sur plusieurs années, qui aboutirait à formuler une déclaration commune des Eglises de paix lors d’un rassemblement oecuménique. Cette déclaration prendrait la forme d’un appel à toutes les Eglises".

Le Comité pour la Paix plaide pour que toutes les Eglises:

• renoncent clairement à la logique et à l’utilisation de la violence militaire;

• mettent fin à la légitimation de la violence militaire, et qu’elles refusent de la soutenir, que cette violence soit exercée par un Etat ou par des groupes ethniques,

• reconnaissent que le travail pour la paix est une de leurs missions, et qu'elles forment donc des hommes et des femmes prêts à s'engager dans les situations de conflit;

• exigent le démantèlement du complexe militaro-industriel et soutiennent les initiatives de reconversion.

Le Comité pour la Paix souhaite qu’une rencontre oecumé-nique ait lieu vers la fin de la décennie et publie une déclaration commune. Cela ne sera possible que s'il y a eu au préalable un long processus de dialogue et si les Eglises ont acquis des expériences dans le domaine du travail pour la paix. Ces expériences pourraient les amener à se rendre compte que:

• la paix est plus probable quand elle est le fruit de la non-violence active, satyagraha,

• que la violence ne peut pas vaincre la violence (cf. la Tchétchénie, la Somalie, le Soudan, la Colombie, le Sri Lanka ...),

• qu'il nous faut être artisan de paix dans le sens du Sermon sur la Montagne, en mettamt fin à la violence physique et structurelle, ainsi qu’à l'injustice et à l'oppression.

Le Comité pour la Paix envisage un processus de consultation en plusieurs étapes au cours duquel un texte serait formulé et amendé. Il existe des modèles de processus, comme par exemple :

1. Le texte d’Afrique du Sud "Document Kairos ";

2. La lettre pastorale des évêques catholiques des Etats-Unis d'Amérique concernant la course aux armes nucléaires "The Challenge of Peace";

3. Le rassemblement oecuménique en RDA (Dresde - Magdebourg - Dresde).

Ces différentes déclarations ont été le résultat de longs processus de consultation, incluant la formulation et la reformulation des textes, processus auxquels participaient une grande partie des membres des Eglises.

Le Comité suggère de fixer les échéances suivantes :

Printemps 2001 : Lors de la conférence de Church & Peace aux Pays-Bas, une commission élabore un projet concernant le processus et un groupe de travail est nommé pour rédiger un avant-projet de déclaration des Eglises de Paix. Cette déclaration devra contenir et les principes de la théologie de la paix, et des recommandations touchant les moyens de vaincre la violence. Lors de la nomination des membres du groupe de travail, il faut tenir compte de ces deux aspects.

Avant le 31 mars 2002: L’avant-projet de la déclaration émanant des Eglises de Paix est publié aussi largement que possible au sein du réseau de Church & Peace et au-delà en demandant que les réactions à ce texte soient envoyées au plus tard le 30 juin 2003.

Juillet à Décembre 2003 : le groupe de travail retravaille la Déclaration en prenant en compte les réactions reçues.

Printemps 2004 : la déclaration des Eglises de paix est adoptée lors d’un rassemblement des Eglises de Paix. Ce texte devra être inclu dans un processus oecuménique, dont le résultat devrait être une déclaration formulée par un rassemblement oecuménique en 2010.

La décennie "Vaincre la Violence" est une chance et un défi pour les Eglises historiquement pacifistes, ainsi que pour les communautés et les groupes de paix. Pouvons-nous, en dépit de la diversité des dénominations, saisir cette chance pour que l’Eglise mondiale devienne une force de paix dans le monde ?

Les Eglises et organisations membres de Church & Peace ainsi que les groupes intéressés sont invités à:

• proposer des noms de personnes pour le groupe de travail qui rédigera la déclaration: théologien(ne)s, chrétien(ne)s ayant une expérience concrète dans le travail pour la paix;

• participer à la commission qui se réunira pendant la conférence de Church & Peace aux Pays-Bas.

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Le jardin de la paix

par Claude et Viviane Baecher

Le détour par la communauté Bruderhof de Beech Grove près de Canterburry en Angleterre en vaut la chandelle. Dans cette communauté environ 170 personnes vivent la vie communautaire et les enfants y sont nombreux. Leur école a travaillé à l’élaboration d’un jardin de la paix. Le thème des injustices, de la justice et de la paix leur tient beaucoup à coeur. Cette idée de jardin de la paix a été reprise en 1996 d’un autre projet situé en Israël. Depuis ils se multiplient : Liban, etc.

Après l’avoir visité, ma fille Viviane (13 ans) et moi-même avons jugé utile de vous décrire le jardin particu-lier de cette communauté chrétienne de vie. On y pénètre en passant sous un porche de bois sous lequel brûle une lampe à huile éternelle, entretenue à tour de rôle par les enfants. Le jardin d’environ 50 mètres de diamètre est bordé d’arbres et d’emblée plusieurs chemins se proposent au visiteur, dallés de pierres décorées par des pierres polies. Le premier endroit où nous nous arrêtons nous fait découvrir une sculpture faite dans un vieux tronc d’arbres présentant une prison d’où sortent des canaux sculptés qui mènent après bien des méandres à la perte. Des billes de verre peuvent les suivre et tombent dans un trou ou dans le vide, comme c’est le cas de centaines de prisonniers aux Etats-Unis en attente de la peine de mort. Les membres de la communauté sont en communication avec plusieurs d’entre eux.

Plus loin, des iris symbolisent la tuerie par armes à feu de 14 élèves entre 14 et 18 ans en 1999 à Denver aux Etats-Unis. A côté, seize miroirs en forme de larmes sont suspen-dues à une branche pour se souvenir de ces lycéens et de leurs enseignants assassinés en mars 1996 à Dunblane en Ecosse.

Un petit massif de fleurs reconstituant la forme de l’île de Cuba rappelle le blocus économique imposé par les Etats-Unis. Treize enfants de la communauté de New-York s’y sont rendus illégalement pour y apporter symboliquement de l’aide humanitaire.

Un jardin de rocailles avec une cascade symbolise les différentes régions des Iles Britanniques (Irlande par ex.) et rappellent également à la mémoire le meurtre de voisins de la communauté. Plus loin, deux statues de per-sonnes se donnant la main à partir de murets séparés symbolisent le conflit religieux en Irlande.

Le mini-jardin du royaume montre, dans un massif de fleur sous forme de coeur, un loup, un agneau et un petit enfant. L’image reprend la prophétie des temps messianiques de Esaïe 11:6. Le Messie est bien venu, n’est-ce pas ? Une famille de la communauté avait mis ses dons artistiques à l’oeuvre. Le Roi ou le Messie est symbolisé par un lion en train d’être sculpté dans un énorme tronc d’arbre.

Un chrétien palestinien avait donné l’idée d’un obélisque de bois avec au sommet la mention “ Priez pour (la paix de) Jérusalem ” en trois langues (anglais, arabe et hébreu). Sur le montant, le passage d’Amos 5:24 : “ Que le droit coule comme de l’eau, et la justice comme un torrent inta-rissable ”. A côté, dans une cage, des colombes blanches vivantes et des fleurs de tournesol symbolisent les contacts entre les membres du communauté de biens et la fédération des femmes en Irak, qui souffrent de l’embargo imposé par l’O.N.U. à l’Irak, depuis le 6 août 1990. La conséquence y est indiquée : “4500 enfants y meurent chaque mois ”.

A côté encore, un jardin pour les aborigènes, ”planté de fleurs rouges symbolisant leur sang versé, de fleurs violettes comme le deuil et de fleurs vertes comme l’espérance. Des pierres indiquant le nom du pays d’où elles ont été importées sont amoncelées à côté de ces fleurs.

Au centre du jardin se trouve un “ Weeping Cherry Tree” (un cerisier pleureur) entouré d’un mur de pierre sur lequel on peut lire aux quatre points cardinaux : justice, liberté, paix et amour. Les différentes directions expriment l’espoir que la justice atteigne le monde entier. En dehors du jardin, deux jeunes filles sont en train de rafraîchir une peinture représentant un lâcher de colombes blanches par des mains d’enfants, sur un fond de mer et de ciel et les phrases : “ Nous les enfants de demain, nous sommes les enfants d’es-poirs infinis ” et “ Nous croyons en un avenir plus radieux, qu’importe à quel point cela semble impossible ”. Un tel jardin nous fait prendre conscience de la réalité du mal, et de la possibilité de faire du bien.

Et à quoi ressemblerait un jardin de la paix de l’Europe continentale de l’Ouest ? Un chrétien du Bruderhof nous disait : “Qui sait quelle nouvelle ère ferait irruption si de tels jardins se multipliaient... ”. Nous aurions bien dans les différentes familles et assemblées que nous représentons assez de dons artistiques et d’imagination créative pour nous y atteler, n’est-ce pas? Mais c’est peut-être tout simplement un jardin qui nous manque...

Vous pouvez visiter gratuitement ce jardin en vous annonçant au Peace Garden Committee, Beech Grove School, Sandwich Road, Nonington, Kent, CT15 4HH, Royaume Unis. Tél. : +44 1 304 842 980. Des enfants de la communauté se feront un plaisir de vous le commenter.

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NOUVELLES DU RESEAU

• die schwelle : 20 ans de travail pour la paix

Créée en 1979 par Ruth-Christa et Dirk Heinrichs, die schwelle (la Fondation du Seuil), membre de Church & Peace, a fêté ses 20 ans l'été 99.

Au cours de ces vingt années, die schwelle a soutenu une grande variété d’activités : assistance aux chômeurs, recherches pour la reconversion de sites d’entraînement militaires; animation de l'organisation de formation au travail pour la paix “Oekumenischer Dienst im Konziliaren Prozess” (services œcuméniques du processus conciliaire) , formations et perfectionnement au service des ONG, et deux séries de publications, la revue “Transcontinental Peace Newsletter” (anciennement) et “Grassroots Good News” (titre actuel), traitant des questions de paix et de reconversion militaire.

die schwelle a en particulier soutenu le travail pour la paix en Slavonie orientale, région particulièrement touchée lors de la guerre entre la Serbie et la Croatie. die schwelle a aussi participé à la constitution d’un réseau d’ONG tra-vaillant auprès des réfugiés, pour la reconstruction et la réconciliation dans cette même région. En Bosnie, die schwelle a rendu possible le retour de réfugiés dans des maisons intactes. Depuis 1998, elle soutient des partenaires locaux à Shkoder, au nord de l’Albanie.

A la fin du mois d’avril 2000, Ruth-Christa et Dirk Heinrichs ont pris leur retraite de membres actifs au sein du comité exécutif de la Fondation. “Grassroots Good News” les remercie pour leur dévouement et leur engage-ment important dans le travail pour die schwelle.

Au mois de juin, die schwelle a emménagé à Brême dans de nouveaux locaux. La nouvelle adresse de la Fondation est la suivante: die schwelle, Hohenlohestrasse 7, D-28209 Bremen, Germany; Tél. +49 421 3032 -577, Fax: -464; Email: «Luber@dieschwelle.de»; site Internet: «http://www.dieschwelle.de».

Grassroots Good News, août 2000

• “Effacer la haine sur les murs de nos villes”

La CANVA (Coordination de l’Action Non-violence de l’Arche de Lanza del Vasto) nous fait part d’une action en cours. Il s’agit d’une opération visant à s’attaquer aux graffitis racistes ou haineux qui s’étalent sur les murs de nos villes.

La CANVA nous encourage à nous y joindre et nous fait part de leur mode de fonctionnement:

D’abord, repérer des graffitis racistes ou haineux sur un mur, puis constituer des équipe d’effaçage qui agiront en plein jour, soit en effaçant les graffitis, soit en les recouvrant de peinture; ensuite expliquer aux gens qui passent le but de l’ac-tion, leur remettre le texte de la loi antiraciste et leur demander leur avis.

Les auteurs déclarent : “Au nom des décrets officiels, et surtout parce que le racisme et la haine sont les principaux obstacles à la paix dans le monde, nous refusons d’être complices de tout geste de violence et de toute expression de racisme ou de haine sur nos lieux de vie et sur les murs de nos cités”.

Elle suggère aussi d’intervenir auprès des instances locales ou municipales ou auprès des responsables locaux pour que les graffitis soient effacés rapidement. On peut aussi appeler (en France) le numéro vert 114 pour signaler tout incident ou propos racistes, ainsi que la CODAC (Commission départementale d’accès à la citoyenneté) dans chaque département français. Il est également possible de collaborer avec la section locale de SOS-RACISME, du MRAP, ou de la LICRA.

Une autre action, qui serait complémentaire à celle qui vient d’être décrite, est l’organisation de manifestations silencieuses, régulières et non partisanes, avec des bougies pour affirmer le refus de la contagion de la haine et de la violence.

Pour plus d’informations, contacter : CANVA, Arche de St. Antoine l’Abbaye F-38160.

• Vision, structures et conceptes du travail pour la paix du DMFK

par Wolfgang Krauss, Rosemarie Wienss

Des membres du Conseil d’Administration et des amis du Comité mennonite allemand pour la paix (DMFK) ont pris le temps cet automne de réfléchir à la vision, aux structures et aux concepts concernant l’avenir du travail pour la paix. Cette rencontre a eu lieu les 13 et 14 octobre 2000, à la place de la conférence annuelle qui avait été annulée cette année, parce qu’un séminaire de théologie avait lieu à la même date.

Les participants se sont interrogés sur les principes essentiels du travail pour la paix. Ils ont passé en revue le travail accompli dans le passé et ont échangé des idées sur ce travail dans le contexte de la vie quotidienne. Quelques idées:

• tout doit commencer tout petit;

• “paix”, cela veut dire nommer le conflit, ne pas l’étouffer mais le reconnaître, sans pour cela mettre fin à la communion;

• la seule personne que je peux changer, c’est moi;

• il est nécessaire d’avoir une spiritualité pour nourrir la paix, et des projets qui permettent à chacun de découvrir de façon concrète ce que ce mot veut dire.

Une vision est sortie de cette dernière pensée, une vision de shalom qui serait reconnaissable dans tous les domaines de la vie d’Eglise. Pour mettre en pratique cette vision, il a été suggéré de renforcer les contacts entre le DMFK et les Eglises d’Allemagne en utilisant un dossier “documents pour les Eglises” et des visites à des assemblées. Ce dossier sera constitué pour Pâques 2001 par le Conseil et des amis du DMFK. En été 2001, des réunions de prépa-ration auront lieu et des invitations seront envoyées. Les visites commenceront en automne 2001 et continueront pendant une année. Autour de Pâques 2002, le projet sera revu et une évaluation en sera faite à la fin du processus en automne de la même année.

• Restructuration d’IFOR

Le Conseil du Mouvement International de la Réconciliation (IFOR), l’un des membres fondateurs de Church & Peace, avait une lourde tâche à accomplir lors de sa réunion en Hollande du 19 au 25 juillet : sauver l’association et restructurer ses programmes.

Liliane Baxter, participante de la branche IFOR américaine, s’exprime au sujet du conseil dans les termes suivants: “ la rencontre du Conseil d’IFOR 2000 a été productive et encourageante, bien qu’elle se soit déroulée à un moment où notre association passe par une crise profonde. Malgré la complexité des sujets, des personnalités et des cultures, les personnes assemblées ont été en mesure de prendre des décisions et de faire des recommandations qui me semblent à la fois prudentes et porteuses d’espérance.”

Le mouvement, qui a plus de 80 ans aujourd’hui, passe par les moments les plus plus difficiles de son histoire. Ses programmes (éducation et formation à la non- violence, culture de la non- violence, etc...) étaient en expansion depuis plusieurs années mais le financement de ces programmes ne s’est pas matérialisé. Il a fallu prendre la difficile décision de suspendre ces programmes jusqu’à ce que les ressources nécessaires soient trouvées. Le programme de travail des Femmes pour la Paix se poursuivra à partir du secrétariat international : ce travail touche au niveau mondial des membres du mouvement et d’autres personnes intéressées par l’approche interreligieuse de la nonviolence propre au Mouvement International de la Réconciliation.

Tiré de “Reconciliation International”

• Agenda pour la Paix en langue hongroise

par Terri Miller

Après des mois de travail, le premier agenda pour la paix en langue hongroise a paru en novembre 2000.

Gyula Simonyi et les membres de l’équipe régionale de Church & Peace pour l’Europe de l’Est ( tous membres du mouvement Bokor) ont assuré tout le travail de rédaction, mise en page, traduction, publicité et expédition de cet agenda 2001. Les Fransiscains de Novi Sad (Yougoslavie), Deva (Roumanie) et Vinogradov (Ukraine) ont participé à la distribution du fasci-cule parmi la minorité hongroise de ces différents pays.

Gyula Simonyi explique que cet agenda est conçu comme une mini-encyclopédie sur le mouvement pour la paix. En plus d’un calendrier 2001 faisant mention des événements concernant la paix, la justice et la sauvegarde de la création, l’agenda contient des informations et des adresses d’organisations et de mouvements pour la paix de l’Europe de l’Est et du monde entier. Plusieurs articles décrivent les Mennonites, l’Anabaptisme non-violent et le réseau de Church & Peace; d’autres évoquent l’Eglise primitive, l’objection de conscience, le mouvement Bokor, le Mennonite Central Committee (œuvre d’entraide des Mennonites américains) et le Mouvement International de la Réconciliation.

L’agenda fait aussi la promotion d’un style de vie paisible et responsable, il offre de l’espace pour organiser son temps et son argent et pour prévoir du temps avec la famille et les amis ou du temps pour l’exercice physique, le sport, la danse, le chant, la méditation, la correspondance et le contact avec la nature.

On peut commander l’agenda ou envoyer des informations sur le mouvement pour la paix pour l’agenda 2002 à Gyula Simonyi: bocs@c3.hu.

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EN BREF

• “En marche sur le chemin de la non-violence”, tel fut le motto de la marche organisée en commun par le MIR italien (membre de Church & Peace) et le Movimento Nonviolento entre Péruge et Assise le 24 septembre 2000. Cette marche fut précédée par une conférence lors de laquelle la Décennie pour une Culture de la Non- violence fut présentée et le manifeste 2000 de l’UNESCO sur l’année internationale pour une Culture de la Paix réaffirmé.

• Le 7 octobre, le MIR romand (branche suisse romande du Mouvement International de la Réconciliation), membre de Church & Peace, a donné une formation d’une journée pour éducateurs, parents, directeurs d’école et autres personnes intéressées à la prévention de la violence entre les jeunes. Le MIR romand, les Brigades de Paix Internationales et le Centre Martin Luther King offrent des séminaires de formation à la réso-lution non-violente des conflits pendant le période de septembre 2000 à juin 2001.

• Le MIR anglais a assuré une forte présence pacifiste au festival chrétien des Arts qui s’est tenu à Cheltenham en Angleterre au mois d’août 2000.Il y eut des discussions et des séminaires sur les armes de petit calibre en Afrique, sur les actions non-violentes contre les sous-marins Trident, sur la paix et l’économie et enfin sur l’intervention civile dans des lieux de conflits comme le Kosovo et l’Ir-lande du Nord (Reconciliation International)

• La troisième rencontre de dialogue catholique-menno-nite a eu lieu au Thomashof en Allemagne, du 24 au 30 novembre 2000. Le projet total porte sur 5 rencontres (une par an). Le but général est de promouvoir une meilleur compréhension des positions relatives à la foi chrétienne propres aux deux groupes, pour surmonter les préjugés exis-tant depuis le XVIème siècle. Il s’agit aussi de travailler à une guérison des mémoires.

La rencontre a eu pour thème “Qu’est ce qu’une Eglise de Paix ?” et “L’impact du tournant constantinien sur l’Eglise”. En no-vembre 2001, les thèmes abordés seront “le rapport entre l‘Eglise et les autorités séculières au Moyen Age” et “la théologie actuelle des sacrements/ordonnances”.

• Appel à donner “un message de vie” - Malheureusement les USA et l’Europe vont aider le gouvernement colombien afin qu’il puisse “maîtrisser” la guerre civile avec près de 2 milliards de dollars et ceci est “un message de mort venu des pays de Nord” disent nos frères et sœurs colom-biens. En effet cette aide ne fera qu’alimenter le cycle infernal de la violence : plus de morts, de déplacés, de souffrance, d’injustice. Nos frères et sœurs nous demandent “un message de vie”[...] Ils nous demandent de ne pas rester silencieux mais de dénoncer les injus-tices dont ils sont victimes, ils nous demandent du réconfort, ils ont besoin de savoir que nous sommes prêts à répondre à leurs appels, à leurs demandes d’aides. (Bulletin romand de la Réconciliation, septembre 2000)

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LECTURE

Disponible auprès des Editions Siloë, 22 rue du Jeu-de-Paume, 53000 Laval ou de Marie-Pierre Bovy : La Ville, 71250 Mazille :

• CE QUI PARLE A MON COEUR

Pierrot Bovy, compagnon de l’Arche de Lanza del Vasto

Quand Pierrot Bovy sut qu’il était “perdu”, il n’y avait plus que ce qui parlait à son coeur qui avait valeur de vérité.

Pierrot a consacré près de trente ans de sa vie au témoig-nage de la “force de vérité” ou non-violence.

Pour les personnes qui vont vers leur propre mort, sans trouver l’écoute nécessaire à l’émergence de ce qui les traverse de plus essentiel à ce moment précis de leur existence, pour leurs proches, pour le personnel hospitalier... ce livre, promesse de Marie-Pierre Bovy de prolonger ainsi son époux, est un repère.

256 pages, 129 FF.

• GANDHI - L’HERITAGE

La non-violence défie toutes les formes d’exclusion et d’oppression à l’Est comme à l’Ouest, au Nord comme au Sud

sous la direction de Marie-Pierre Bovy

Mais de quoi sommes-nous redevables à ce petit avocat indien ?

Si la vérité de cet homme hors norme se dérobe toujours à l’analyse, cinquante ans après sa mort, son message de non-violence est toujours vivant.

La “décennie internationale de la promotion de la culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde”, qui débute en cette année 2001, consacre officiellement l’émergence d’une éducation civique à la non-violence et donne les chances d’un “mieux vivre ensemble et solidairement”. C’est ce que tous les auteurs de ce livre collectif tentent de montrer à partir de leurs expériences et recherches propres.

208 pages.120FF.

Choisir la réconciliation

Doris Reymond-Ziegler

Lyon, Réveil Publications,1999, 126 p., 75 FF.

Doris, qui est aujourd’hui pasteur de l'Eglise évangélique luthérienne de France au pays de Montbéliard, a travaillé 9 ans pour Church & Peace, et a créé le secrétariat francophone du réseau.

Sa thèse de départ est une (re)définition du mot "récon-ciliation". Dans le langage courante, on entend par "récon-ciliation" le retour à une situation d'avant un conflit, quand tout allait - ou semblait aller - bien entre deux personnes ou deux groupes devenus hostiles l'un à l'autre. Doris propose une autre perspective à la réconciliation. Le terme grec que nos Bibles traduisent par "réconcilier" est katallasso, qui signifie rendre autre, échanger. La réconciliation devient ainsi un changement à l'égard de quelqu'un. Non pas un retour en arrière, mais un changement de regard : pouvoir regarder l'autre différemment, le découvrir d'une manière nouvelle.

Cette définition renouvelée de la réconciliation est ensuite déclinée par Doris dans de nombreux domaines de la vie. Réconciliation dans les relations personnelles et familiales tout d'abord, en commençant par soi-même. C'est dans la réconciliation avec soi-même, donc dans un regard nou-veau porté sur soi, que se tient la possibilité de construire des relations nouvelles entre conjoints, entre parents et enfants, entre frères et soeurs, avec son prochain. Ce regard nouveau offre l'espace au reproche, à la rupture aussi.

Elle aborde ensuite le domaine des rapports sociaux, en ouvrant des perspectives sur la nécessaire diversité et des réflexions sur la justice où se croisent des thèmes aussi forts que reconnaissance du mal, sanction, oubli, pardon... Dans une troisième partie consacrée aux rapports internationaux, elle développe la réconciliation à travers le politique, la diversité culturelle, la puissance économique. Puis, dans une quatrième partie, elle ouvre des pistes concernant les relations intra- et inter-religieuses. Dans tous les cas, l’auteur réhabilite le conflit comme néces-saire lieu de parole, chemin de transformation de notre regard sur l'autre.

Tous les lieux de vie sont passés en revue, éclairés par une lecture neuve de textes bibliques. D'une écriture limpide, ce livre mérite d'être médité.

Résumé d’un texte de Christian Baccuet, paru dans les Cahiers du Mouvement International de la Réconciliation, n°4, 2000

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CALENDRIER

• COLLOQUE OUVERT à Pomeyrol, 3-8 juillet 2001

Thème “le respect de la vie”, en partant de la pensée d’Albert Schweitzer; avec Pierre Zettvog, scientifique clima-tologue et Peter Harris, prêtre anglican et ornithologue, responsable de l’association “A’Rocha”.

• CLAIRIERES DE PAIX (vivre en paix ça s’apprend), animé par M.P. Bovy (Arche), Charo Sauvage et Brigitte Sénéca. Chant, peinture, intériorisation par le souffle et travail symbolique. A Sologny (71) et à l’Arche de St Antoine du 24 au 27 mai et du 21 au 25 août. Renseignements: M.P Bovy, La Ville F-71250 Mazille

• ARCHE DE ST ANTOINE

“Face à mes violences, guérison de mes relations avec moi-même, Dieu, les autres.”

Session du 17 au 22 avril; pour tous ceux qui veulent avancer sur le chemin de la croissance et de la guérison intérieure, démarche spirituelle enracinée dans la Parole de Dieu, mais aussi stage de développement personnel à partir des données des sciences humaines.

Renseignements: Arche de St Antoine, Cour du Cloître, 38 160 St Antoine l’Abbaye, Tél: +33 (0)4 76 36 45 52

• ARCHE LA FLAYSSIÈRE

Initiation à la pratique de la médiation. 5-12 août. Animation: Nicole Bernard. Renseignements: Anne Martineli, La Flayssière, F-34650 Joncels, Tél: +33 (0)4 67 44 40 90

• LE SOC

L’association le Soc organise des week-ends de formation à la non-violence active les 10 et 11 mars, et les 12 et 13 mai à la maison Jean Goss à la Kohlhuette (67).

Renseignements: +33 (0) 3 88 89 76 39

• MIR France

Stage de formation à la non violence évangélique active 2001. Au Centre Alain de Boismenu (Miribel), du 26 août au 1er septembre. Renseignements: Secrétariat du MIR, 68 rue de Babylone - F-75007 Paris; Tél/fax +33 (0)1 47 53 84 05; Courriel : mirfr@club-internet.fr

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ANNONCE

Dossier “Dimanche pour la paix”

Comme tous les ans, la Commission de Réflexion pour la Paix (qui dépend des Eglises mennonites de France) prépare un dossier pour encourager les églises mennonites à faire de la paix le thème d’un culte.

Le thème du dossier cette année (11 pages) est “Jésus proclame le Jubilé !”. Il peut être utilisé tout le long du culte. Il comporte un article de présentation, des idées de cantique en lien avec le thème, des textes bibliques et des commentaires pour la prédication, un sketch, des prières et une proposition pour un projet auquel l’offrande peut être affectée.

Bien que ce dossier soit plus particulièrement destiné aux assemblées mennonites, il peut être utilisé par tout groupe ou église qui le souhaiterait. Si vous désirez l’obtenir, écrivez-moi au bureau d’Eglise & Paix, et je vous l’enverrai (merci de joindre 5 FF en timbres pour les frais d’envoi).

Sylvie Gudin Poupaert